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13 septembre 2016 2 13 /09 /septembre /2016 09:12
Europe et mondialisation

La construction de l’Europe et la mondialisation telles qu’elles ont été réalisées ont peut-être été une réussite économique dans la mesure où elles ont dopé les échanges et dynamisé les entreprises qui étaient fortement armées pour affronter la concurrence effrénée qui s’en est suivie. Mais sans harmonisation des règles fiscales et sociales, elles ont été un véritable désastre social. On a mis la charrue avant les bœufs, et on assiste à une véritable guerre économique sans que ce soit à armes égales. Cette foire d’empoigne jette des contingents massifs de laissés pour compte hors du circuit. Sous cette forme, le libéralisme économique, c’est le renard libre dans le poulailler libre, qui conduit irrémédiablement vers le dumping social. Tout cela a contribué à faire apparaître à travers le monde une société duale.

Il semble qu’aujourd’hui, des responsables mondiaux en prennent véritablement conscience.

C’est ce qui paraît clairement dans la chronique de Sylvie Kauffmann dans le journal « Le Monde » du 11/12 septembre 2016.

On peut y lire :

« … plusieurs dirigeants occidentaux sont arrivés en dénonçant tous les maux de la mondialisation … Aujourd’hui la directrice du FMI, Christine Lagarde, plaide pour un capitalisme à visage humain, la première ministre britannique Theresa May estime que l’on ne peut pas se permettre d’ignorer la frustration des citoyens à l’égard des inégalités engendrées par la mondialisation ».

Aujourd’hui, selon Sylvie Kauffmann, nos dirigeants se demandent clairement « si la mondialisation est en panne, si elle atteint ses limites, comme cela est arrivé à d ‘autres phénomènes économiques fondamentaux dans l’histoire ? Est-elle en train de régresser ? La question occupe aujourd’hui les économistes les plus sérieux… »

Elle conclut : « C’est un moment particulier où un cycle économique semble prendre fin sans que la volonté politique d’en inventer un nouveau soit assez forte. Toute la question est de savoir combien de temps durera ce moment ».

Ne le suggérais-je pas déjà en commençant mon dernier blog intitulé « Le modèle social français » du 26 août 2016 par ces propos :

« Tout se joue désormais à l’échelle mondiale….. A défaut d’inaugurer un autre système économique qui reste à inventer de concert avec les partenaires mondiaux – (ne perdons pas de vue la mondialisation)-, il faut donc élaborer de nouvelles règles qui permettent aux entreprises françaises de lutter à armes égales avec leurs concurrents étrangers, donc de vendre et d’exporter et, les carnets de commandes se remplissant, de créer des emplois ».

Propos à inscrire dans le marbre.

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26 août 2016 5 26 /08 /août /2016 22:04
Le modèle social français

Le modèle social français

Le modèle social français tel qu’il a été instauré en France est fondé sur des principes énoncés par le Conseil National de la Résistance[1]. Celui-ci proclamait dans son programme adopté le 15 mars 1944 : «le droit au travail et le droit au repos, notamment par le rétablissement et l'amélioration du régime contractuel du travail ; (...) la garantie d'un niveau de salaire et de traitement qui assure à chaque travailleur et à sa famille la sécurité, la dignité et la possibilité d'une vie pleinement humaine ; un plan complet de sécurité sociale, visant à assurer à tous les citoyens des moyens d'existence, dans tous les cas où ils sont incapables de se les procurer par le travail, avec gestion appartenant aux représentants des intéressés et de l'État».

Ce modèle a assez bien fonctionné pendant les « Trente glorieuses ». On l’a aussi appelé « l’Etat-providence ».

Depuis, la France a eu à affronter les crises pétrolières, des crises économiques cycliques, un endettement abyssal[2] destiné à maintenir coûte que coûte un niveau élevé du service public et ce modèle social. Puis, il y a eu la mondialisation, la désindustrialisation, la concurrence des pays émergeants, les nouvelles technologies. L’Etat-providence s’est vu sérieusement écorné au point de laisser malgré tous les efforts déployés de nombreux malchanceux sur le bord de la route. Le modèle social français, généreux dans ses principes, n’est plus ce qu’il était dans les faits et la dette publique n’a cessé de se creuser.

Tout se joue désormais à l’échelle mondiale. Et l’économie française, avec ses contraintes spécifiques et la « guerre économique » qui se livre sans frontières, n’est plus compétitive. Tout ce qui faisait naguère l’excellence du modèle social français devient un handicap pour le développement des entreprises et la création d’emplois.

A défaut d’inaugurer un autre système économique qui reste à inventer de concert avec les partenaires mondiaux – (ne perdons pas de vue la mondialisation)-, il faut donc élaborer de nouvelles règles qui permettent aux entreprises françaises de lutter à armes égales avec leurs concurrents étrangers, donc de vendre et d’exporter et, les carnets de commandes se remplissant, de créer des emplois.

Dans ce contexte, quel est le rôle de l’Etat ? Son intervention doit être orientée à la fois à destination des entreprises mais aussi à destination des salariés.

Favoriser par des mesures adéquates la compétitivité des entreprises. C’est l’objectif de la loi Travail de Myriam El Khomry et du Crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi (C.I.C.E.) Il n’y a pas de « cadeaux aux entreprises » comme le proclament sans fondement certains syndicats maximalistes, mais des mesures propres à faire baisser le coût de la production et donner des marges aux entreprises. Aux entreprises de jouer loyalement le jeu.

Dans le même temps, assurer la sécurité non pas de l’emploi, qui est désormais volatil, mais celle du salarié. C’est l’objectif du compte personnel d’activité. Il est encore embryonnaire, mais des améliorations et des compléments viendront le muscler qui assureront au salarié durant toute sa vie professionnelle le bénéfice d’une sécurité matérielle et sociale à travers le droit à des périodes de formation rémunérées lors des intermèdes de chômage.

Mais toutes ces mesures ne produiront pas leurs effets dans l’immédiat. Ce n’est pas parce qu’on aura injecté des sommes considérables et nécessaires dans l’économie que les entreprises deviendront séance tenante compétitives et que les emplois fleuriront comme bourgeons au printemps. C’est une œuvre de longue haleine. L’économie française est atone, son anémie vient de loin, il n’y a pas de baguette magique.

En outre, l’Etat doit avoir une politique économique et fiscale à longue vision, qui ne change pas les règles du jeu selon les humeurs ou les circonstances. Les entreprises ont besoin de visibilité à long terme pour oser prendre des risques et investir.

Enfin, nos gouvernants doivent pratiquer envers l’opinion publique une véritable pédagogie qui permette de comprendre et d’évaluer les mesures adoptées. On doit reconnaître que cette vertu a hélas terriblement manqué durant le quinquennat 2012-2017 de François Hollande. Il en paie chèrement le prix.

[1] Réuni pour la première fois à Paris le 27 mai 1943 sous la présidence de Jean Moulin, émissaire du général de Gaulle, le Conseil national de la Résistance (C.N.R.) rassemble – en France occupée – des délégués des mouvements de la Résistance intérieure française, des représentants de la presse, de partis politiques hostiles au gouvernement de Vichy, et de syndicats.

Son programme, adopté en mars 1944, prévoit un « plan d'action immédiat » (c'est-à-dire des actions de résistance), mais aussi des « mesures à appliquer dès la libération du territoire » (une liste de réformes sociales et économiques).

[2] Cela le place dangereusement dans la dépendance des marchés financiers qui sont les maîtres des taux d’emprunt.

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23 août 2016 2 23 /08 /août /2016 13:47
Elections 2017

La machine à perdre les élections est repartie de plus belle à gauche. Pas besoin de sortir de Saint-Cyr pour comprendre que comme en 2002, c’est le trop plein de candidats à gauche qui l’éjectera dès le premier tour des élections de 2017, les lui fera perdre, et qui assurera la présence du Front National au deuxième tour. Et bien entendu la politique suivie par Hollande n’est pas seule en cause, contrairement à ce que voudront nous faire croire tous les faux-culs qui se lancent dare dare comme un seul homme dans la course à l’échalote à coup de promesses de Père Noël qui n’engagent que tous les gogos qui veulent bien y croire. Et ils martèleront après sans vergogne que « On vous l’avait bien dit, c’est le social-libéralisme (voilà le gros mot laché) de Hollande qui nous a fait perdre ». Naguère, on utilisait le gros mot à la mode : « social-démocratie » pour carboniser Rocard, rejeté vers « la deuxième gauche », ou « gauche américaine », autre gros mot de l’époque. Il convient toujours d'utiliser une terminologie jugée infamante pour discréditer tous ceux qui ne pratiquent pas systématiquement le panurgisme dogmatique. Tous les bateleurs de foire et autres bonimenteurs ont oublié l’intérêt général, obnubilés qu’ils sont à camper des postures et bégayer des dogmes éculés.

Mais que cherchent-ils au fond ? Retourner dans l’opposition, confortablement réfugiés dans une posture de gardien de « la foi », plus à l’aise pour attaquer la politique quand elle est initiée par la droite au pouvoir, que faire l’effort de proposer des solutions pragmatiques propres à faire sortir le pays de l’ornière et le faire avancer quand c’est la gauche qui gouverne, et non pas répéter à satiété d’interminables « y a qu’à » ? Quand voudront-ils bien reconnaître qu’à défaut d’inventer un autre système, ce dont nous sommes encore loin, il reste à chercher à améliorer le système capitaliste? Rocard disait naguère très justement : « Il ne s’agit pas de casser le système, mais de le réformer en commençant par la santé et l’éducation ». Sage précepte.

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25 mai 2016 3 25 /05 /mai /2016 11:34
Loi travail dite loi Khomri

Elle vise à accorder aux entreprises un allègement des charges, plus de souplesse dans le domaine de l’embauche, plus de visibilité dans l’évaluation des indemnités de licenciement, et une simplification des démarches administratives. Le but est de donner aux entreprises plus de compétitivité face à la concurrence mondiale. En échange, le projet de compte personnel d’activité et de formation devrait assurer aux salariés plus de sécurité dans la flexibilité, celle-ci étant devenue désormais qu’on le veuille ou non la norme . Ainsi, compte tenu de la mobilité et de la fragilité des emplois dans un environnement mondialisé, il vise à protéger non pas l’emploi, mais la personne.

Le gouvernement a certes mal engagé son projet. Pressé par les échéances, il a fait l’impasse de la concertation préalable avec les partenaires sociaux, et la première mouture du texte témoignait par ses insuffisances d’une précipitation évidente. Depuis, par la concertation avec la CFDT et d’autres syndicats (la CGT et FO ont refusé de répondre à l’invitation du gouvernement, où est donc le dialogue social ?), le projet a été amélioré. Certes, il reste encore à faire, mais des avancées sont indéniables. Il ne s’agit donc surtout pas de « jeter le bébé avec l’eau du bain ». Mais les extrémistes de tous bords la CGT et FO exigent catégoriquement le retrait pur et simple du projet. Un bras de fer est engagé avec le gouvernement. La CGT, en quête d’une suprématie dans le monde syndical tente de lancer un ordre de grève générale qui a du mal à s’enclencher. L’opinion publique, mal informée, et souvent méconnaissant le contenu exact du texte se fie aux critiques virulentes de la CGT. Mais entre le soutien au mouvement et la participation à la grève générale dont on sait comment elle commence, mais pas quand cela finit, il y a un pas que peu de monde ose encore franchir.

Dans l’impossibilité qu’il rencontre à généraliser le mouvement, le secrétaire général de la CGT Philippe Martinez cherche à provoquer ce qui reviendrait à une grève générale par procuration. Le blocage des raffineries de pétrole et des centres de distribution n’est rien d’autre que la tentative de rendre les transports et les activités qui en dépendent impossibles. Donc, en lieu et place d’une grève générale, un blocage général des activités décidé par une minorité agissante.

Cette forme que prend le conflit entre le gouvernement et la CGT démontre en fait la faiblesse de cette dernière dans le monde du travail. Vouloir tenter un blocage général de l’économie du pays en prenant en otage la fourniture d’énergie parce qu’il a été impossible d’entrainer la majorité des travailleurs dans une grève générale, n’est-ce pas l’aveu d’une grande faiblesse ? La CGT et son secrétaire général ont-ils véritablement l’intention de participer à l’amélioration du projet de réforme de l’économie de notre pays, ou plutôt forment-ils simplement le projet de se lancer dans une bataille pour s’assurer l’hégémonie dans le monde du travail ? Que reste-t-il dans ces conditions de l’intérêt général et du sort des travailleurs ?

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11 mai 2016 3 11 /05 /mai /2016 13:39
Réformer

Parce que la gauche française, et particulièrement le parti socialiste, notamment dans sa frange la plus radicale, vit sous les totems de l’élan révolutionnaire de 1789 et de la lutte des classes, et craint de s’en voir déposséder à sa gauche, notamment par le parti communiste jusqu’à la chute du mur de Berlin, et désormais par l’extrême gauche, elle se cramponne en économie à des dogmes marxistes que la mondialisation et les nouvelles technologies ont rendus obsolètes. Tous jouent à « Plus à gauche que moi, tu meurs ». Ce faisant, elle manque son aggiornamento qui lui permettrait d’entrer de plain-pied dans le monde moderne. Car, le monde a considérablement changé, les Trente Glorieuses sont dernière nous, l’Etat n’a plus les moyens de jouer la Providence et nous assistons à une véritable guerre économique mondiale où les entreprises les moins compétitives sont condamnées à disparaître ou à se délocaliser.

Dans ce contexte, il est difficile pour un gouvernement, et notamment pour un gouvernement de gauche de s’appuyer sur une majorité solide pour entreprendre les réformes de structures qui s’imposent. Or, elles s’imposent si l’on veut que l’Etat allège le poids des prélèvements obligatoires sur les ménages et les entreprises et se dégage de l’emprise des marchés financiers. Ces prélèvements rapportés au P.I.B. en représentaient en 2012 45,3%.[1] Et malgré tout, cela ne résout aucunement le problème de l’endettement du pays.

Il faut savoir qu’en 2013, la dette publique de la France, (1875 milliards €) atteignait les 95% du P.I.B. [2] La seule charge du paiement des intérêts de la dette (47 milliards €) dépassait le budget de l’Education Nationale (45,7 milliards)[3]

En France, les dépenses publiques atteignent 57,1% du P.I.B., soit plus de 10 points au dessus de la moyenne des autres pays de la zone euro.[4]

Lestée de ces handicaps, la France s’affaiblit et se déclasse. Son industrie se délite par pans entiers et elle est sous la dépendance des marchés financiers. Par chance si l’on peut encore utiliser ce vocable, les taux pratiqués par ces derniers sont actuellement au plus bas.

Et malgré tout cela, les apprentis sorciers que sont l’extrême gauche, les « frondeurs » et l’extrême droite feignent de penser que tout est encore possible comme si nous vivions encore à l’intérieur de frontières protectrices sous le rythme des Trente Glorieuses et qu’on pouvait distribuer sans compter avant de produire des richesses, ressassant sans répit les vieilles recettes.

Au Parlement, leurs représentants adoptent des postures de blocage. On vient de voir lors du vote de la loi sur le travail dite loi El Khomry comment ils ont tenté de gripper la machine parlementaire en déposant plus de 5000 amendements, poussant l’exécutif à utiliser l’articla 49-3 pour sortir du piège. Et eux de pousser alors des cris d’orfraie en prétextant dénoncer un passage en force.

Or, l’article 49-3 existe bien dans la Constitution, et il a été prévu justement pour permettre au gouvernement de se dégager éventuellement d’une manœuvre de blocage. Michel Rocard l’a utilisé maintes fois en son temps (28 fois), mais avant lui Maurois et Beregovoy, la droite aussi (Balladur, Raffarin). Si une telle prérogative semble s’apparenter à un quelconque autoritarisme pour certains, il faut militer pour son abrogation. Mais pour l’heure, c’est une pratique constitutionnelle, elle doit faire partie intégrante de l’exercice gouvernemental sans qu’il faille s’en alarmer faussement.

Au demeurant, en réponse à cette prérogative gouvernementale, la Constitution reconnaît aux opposants le droit de déposer une motion de censure. Si le conflit débouche sur une dissolution de l’Assemblée Nationale, c’est le peuple qui est appelé à trancher. Tout cela est parfaitement démocratique. Toutes les autres arguties ne sont que postures. Et les frondeurs ou leurs partisans qui menacent de voter la motion de censure de la droite ou d’en déposer une de leur propre initiative ne font que jouer une triste comédie, assurés en bons comptables qu’ils sont de ne pas déboucher sur un vote positif. Et le risque même aléatoire de dissolution est pour eux un salutaire rappel à la raison.

Le moment est peut-être venu pour tous ceux qui se reconnaissent dans une certaine vision progressiste, disons de gauche, de la société de se définir par rapport au monde actuel et au fonctionnement de son économie et de son modèle social, compte tenu des profonds bouleversements survenus depuis plusieurs décennies. A monde nouveau, forcément des règles nouvelles. D’autres à travers le monde ont fait leur révision. Tony Blair au Royaume Uni n’avait-il pas déclaré qu’ » il n’y a pas des solutions de gauche ou des solutions de droite, mais des solutions qui marchent et des solutions qui ne marchent pas » ? Et Deng Xioa Ping en Chine pourtant communiste affirmait « Peu importe que le chat soit noir ou gris, pourvu qu’il rapporte des souris ». Sage pragmatisme.

[1] Hubert Vedrine : « La France au défi » Ed. Fayard

[2] Id

[3] Id

[4] Id

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30 avril 2016 6 30 /04 /avril /2016 15:08
Boycott

Alors que dans « Marianne » du 29/4 au 5/5 2016, Jack Dion rappelle judicieusement que « Caroline Fourest avait été … suspectée d’islamophobie, accusation rituelle pour qui ne succombe pas aux charmes intellectuels (de Tarik Ramadan) », dans le même numéro, Martine Gozlan nous fait le même coup s’agissant d’Israel, affirmant que « la cause palestinienne est devenue depuis bien des années le prête-nom et l’exutoire de passions douteuses en quête de respectabilité » (page 48 : Ce que cache le boycott d’Israel). On a compris que ce prête-nom (sic) a un vrai nom sous-entendu : antisémitisme. Voilà une fois de plus l’accusation-choc lancée pour intimider quiconque voudrait dénoncer la politique annexionniste du gouvernement israélien envers la Cisjordanie et son mépris des résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU. Cela porte un nom : terrorisme intellectuel. Il convient par intimidation de museler la critique.

Etait-ce un « exécutoire de passions douteuses », lorsque jadis on prônait le boycott de l’Espagne franquiste, de la Grêce des colonels ou naguère celui de l’Afrique du Sud ségrégationniste ? On pourrait combattre les dérives de n’importe quel gouvernement, excepté celui d’Israel ? Du coup, voilà bien un antisémitisme à rebours.

Boycott
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11 mars 2016 5 11 /03 /mars /2016 17:24
Antisémitisme/Antisionisme

Il y a l’antisémitisme et il y a l’antisionisme, c’est-à-dire tout simplement le synonyme de l’antisémitisme et de la haine d’Israël.” a déclaré le Premier ministre Manuel Valls lors du dîner du Crif lundi 7 mars devant plus de 700 invités réunis à l’hôtel Pullman-Montparnasse, à Paris.

Eh bien non, Monsieur le Premier ministre, l’antisionisme n’est pas automatiquement assimilable à l’antisémitisme, même si d’aucuns cachent leur haine du juif derrière ce sentiment.

L’antisionisme chez certains pourrait être assimilé à de l’anticolonialisme. Car, objectivement, on peut considérer la création de l’Etat d’Israël comme une entreprise de colonisation de Juifs européens en Palestine, comme l’ont été les créations d’états tels que les Etats-Unis d’Amérique, la Nouvelle-Zélande, l’Australie ou d’autres états d’Afrique ou d’Océanie, à l’origine colonies de peuplement. Certes, Israël tire sa légitimité de sa reconnaissance dès son origine par l’ensemble des membres de l’O.N.U. Mais considérer que sa naissance est d’origine coloniale n’a rien en soi d’antisémite. Et pour certains, leur anticolonialisme peut les conduire à manifester dans ce sens un certain antisionisme. On peut estimer cela comme une outrance. Mais que les Israéliens aient éprouvé la nécessité de fonder leur roman national sur un texte biblique n’obère en rien ce constat. Des historiens israéliens comme Shlomo Sand [1]par exemple l’ont bien démontré, et il n’y a rien là d’antisémite, ni même seulement de l’hostilité.

[1] Shlomo Sand, « Comment le peuple juif fut inventé ». Collection Champs essais n° 949.

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8 janvier 2016 5 08 /01 /janvier /2016 12:36
Que cherche Charlie Hebdo?

Que veut dénoncer Charlie Hebdo ?

Le caractère criminel de Daesh tapi sous le masque de l’Islam ? Il a raison et en cela nous sommes tous Charlie. Mais alors pourquoi avoir représenté Allah (ou Mahomet) sous les traits d’un Dieu unique, englobant ainsi le Dieu des Chrétiens et celui des Juifs ? A décripter cette caricature, il semble qu’on devrait comprendre que c’est le Dieu de toutes les religions qui porterait la responsabilité de la période sanglante que l’on a vécue.

Certes, toutes les religions ont eu leur heure de « gloire » macabre. Il suffit de rappeler par exemple pour ce qui concerne le Christianisme le funeste épisode du massacre de la Saint-Barthélémy ou le Franquisme qui ont accompli leurs basses œuvres au nom de la religion. « Tuez les tous, Dieu reconnaîtra les siens » aurait dit Arnaud Amaury, archevêque de Narbonne (XIIIè s.) lors de la croisade des Albigeois.

Mais depuis, on a connu au sein de ces chapelles de salubres aggiornamentos les replaçant dans le courant humaniste.

Il s’agit ici et maintenant de régler le compte des islamistes qui instrumentalisent l’Islam pour s’assurer l’adhésion du plus grand nombre à leurs crimes. Alors, pourquoi avoir embarqué dans ce qui est une juste condamnation toutes les religions ? On sait que Charlie Hebdo cultive habituellement un certain esprit anti-religieux, mais pour l’heure était-ce bien le sujet ?

A vouloir tout mélanger, et en cette période troublée qui fait planer une certaine crainte, on pourrait penser que Charlie Hebdo a cherché à se préserver d’avance de l’accusation d’islamophobie que voudraient manier tous ceux qui cherchent à museler les voix qui s’élèvent contre le fascisme vert qu’est l’islamisme. Mais cela reviendrait alors à consacrer la victoire de l’islamisme qui manie l’intimidation et la terreur.

Ne cédons pas à une certaine forme d’auto-censure qui dénaturerait la lutte contre tout ce qu’on voudrait légitimement dénoncer et combattre.

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4 janvier 2016 1 04 /01 /janvier /2016 12:41
L'Economie aujourd'hui

La « gauche d’opposition » continue de tenir un discours bien dogmatique, qu’on pouvait encore considérer comme valide à l’intérieur de frontières nationales bien définies et à une époque où les Etats maitrisaient encore assez bien leur économie nationale. Les gouvernements de gauche pouvaient pratiquer une politique sociale qui respectait leur idéal et où laisser filer le déficit budgétaire était compensé par une fiscalité relativement bien contrôlée et une activité économique prospère.

Mais tant que l’on n’aura pas admis que ici et maintenant:

- La production française est aujourd’hui anémiée, son industrie moribonde, et donc se contenter de redistribuer (quoi d’ailleurs, les caisses sont vides) sans récolter ne fait que déséquilibrer davantage la balance des paiements, et par conséquent le déficit budgétaire. La consommation en France se nourrit des importations.

- Les entreprises n’embauchent que si leurs carnets de commandes se remplissent, et donc que si elles sont compétitives dans un monde désormais globalisé. Les pouvoirs publics ont donc raison de tout faire afin que les entreprises se développent, produisent et vendent. On ne peut continuellement ânonner que le gouvernement « fait des cadeaux aux patrons » quand il s’agit de faire en sorte que les entreprises puissent prospérer et se mesurer à armes égales avec les entreprises du monde entier. C’est une « guerre économique ». Bernard Maris le proclamait déjà dans tous les débats auxquels il participait. Certes, il y a des chefs d’entreprises qui ne jouent pas le jeu. A charge pour les gouvernants de trouver les moyens d’obtenir le donnant-donnant. Est-ce parce que des chefs d’entreprises agissent en prédateurs, il faudrait considérer le monde de l’entreprise comme un repaire de charognards et brider l’ensemble du système ?

Ou alors, j’aurais à moi tout seul trouvé la solution au problème corse par exemple: Ainsi, puisqu’il y a en Corse des assassins de préfets ou des mafieux plastiqueurs, il faut mettre tous les Corses sous les verrous. La Corse deviendrait ainsi le paradis sur terre. Ineptie !

En tout état de cause, il faut bien comprendre que le monde a considérablement changé et que les règles qui s’appliquaient durant les Trente Glorieuses sont désormais obsolètes. Nous ne vivons pas une crise dont il s’agit d’attendre qu’elle se résorbe, nous subissons une profonde mutation et on ne reviendra plus en arrière. Seuls les pays qui l’ont admis s’en sortent. Certes, la société ne vit plus dans la pleine sécurité et le progrès social continu. L’emploi continu et assuré n’est plus la norme hélas. Mais on n’a pas encore trouvé de solution de remplacement à l’économie de marché, sinon ça se saurait, les sociétés ne sont pas masos.

Alors, il faut s’adapter tout en cherchant les moyens de protéger les plus faibles. Et ce n’est pas en s’obstinant à marteler les dogmes anciens qu’on les sauvera. Est-ce que les syndicats par exemple en s’arcboutant sur les règles actuelles du marché du travail oeuvrent efficacement pour défendre les chômeurs ? Le chômage de masse devenu en France un mal endémique ne mériterait-il pas une révolution culturelle ou intellectuelle que seule la CFDT semble amorcer ? Défendre becs et ongles les droits acquis dans un climat de chômage de masse sans que les chômeurs en soient les véritables bénéficiaires tourne à la schizophrénie.

Nos responsables politiques et syndicaux savent tout ça. Mais ils continuent de vivre accrochés à des totems et des tabous, de prendre la posture, soucieux surtout de préserver leurs chances de durer, de rester dans « la carrière ».

Et les citoyens ne sont pas naïfs. Ils saisissent tout cela. Et ils votent à leur manière avec leurs pieds. C’est à dire que plutôt que de se chausser pour aller voter, ils restent chez eux en tarentaises, les pieds bien au chaud. Quant à ceux qui ont encore une conscience de citoyen, ils traduisent leur écœurement en un vote protestataire dont les seuls bénéficiaires sont les extrémistes qui promettent la lune et les ya-qu’à qui vont avec.

Il me vient une réflexion sur une époque révolue mais qui rappelle bien d’une certaine manière la nôtre.

A la libération, Mendès-France ministre de l’économie du Gouvernement provisoire du Gal de Gaulle proposait que malgré la paix revenue, l’économie française étant encore chancelante, il conviendrait de maintenir encore le régime du rationnement pour éviter un trop fort endettement envers les Etats-Unis. Le Gal de gaulle soutenu par Jules Moch pensait que les Français avaient assez souffert et qu’il ne fallait pas leur infliger davantage un régime d’austérité. On supprima le rationnement, Mendès-France démissionna, l’endettement de la France prit de l’embonpoint, et durant tout le reste de la IVè République, à chaque nouveau gouvernement, le premier soin du président du Conseil fut de se rendre aux Etats-Unis soi disant en visite protocolaire, en fait pour s’informer des exigences de Washington.

Autre épisode : en 1956, Mendès-France condamna énergiquement l’expédition de Suez entreprise par Guy Mollet et les anglo-israéliens pour punir Nasser d’avoir nationalisé le Canal de Suez. Aussitôt l’opinion publique dopée par la Droite l’accusa de vouloir défendre les intérêts boursiers de sa femme Lily qui était d’origine égyptienne. On ne l’avait pas accusé de « banquier », c’eut été faux et pas encore de mode.

Au vu de tout cela, quel sort les distingués frondeurs d’aujourd’hui auraient-ils réservé à Mendès-France ?

O tempora, O mores !

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29 novembre 2015 7 29 /11 /novembre /2015 13:29
L'Islam aujourd'hui

L’Occident a connu ses propres heures sombres : Les croisades (en Orient et en Albigeois), l’Inquisition (le christianisme a eu lui aussi ses ayatollahs : Torquemada, Savonarole), l’ordalie, le servage, et plus près de nous le nazisme, le fascisme et le stalinisme. Ainsi par exemple, la France a d’abord connu ses « hauts faits » tels que :

Le chevalier de La Barre, était un jeune noble français condamné en 1766 à l’âge de 21 ans par le tribunal d'Abbeville, puis par la Grand-Chambre du Parlement de Paris, à être décapité et ensuite brûlé, après avoir été soumis à la question ordinaire et extraordinaire (c’est à dire à la torture) pour blasphème et sacrilège. (Il avait entonné des chants grivois au passage d’une procession) Une sentence qui sera exécutée.

Robert François Damiens, né en 1715, est mort en 1757 à Paris, condamné à subir l’écartèlement pour avoir tenté d’agresser le roi Louis XV, (un supplice utilisé pour donner la mort par la séparation simultanée des quatre membres du tronc du corps humain, ces membres étant attachés à des chevaux lancés dans des directions opposées). Il reprochait au roi de se désintéresser du sort des pauvres et de ceux qui souffrent et voulait le rappeler à l’ordre.

L'ordalie était une forme de procédure en justice d'origine religieuse, aussi appelée jugement de Dieu. Elle consistait à soumettre les plaidants à une épreuve dont l'issue, déterminée par Dieu, désignait la personne innocente.

Au Moyen Âge, existaient de nombreuses épreuves par les éléments :

  • l'ordalie par le fer rouge consistait à porter une barre de fer rougie sur neuf pas (ou marcher sur des socs de charrue chauffés à blanc). La main était par la suite bandée dans un sac de cuir scellé par le juge. Pour savoir si l'accusé était coupable ou innocent, on regardait trois jours plus tard l'évolution de la plaie. Si la plaie était « belle », donc bien cicatrisée, cela prouvait l'innocence. Une vilaine plaie prouvait la culpabilité, la sentence étant proportionnelle à son état. C'est de cette pratique que viendrait l'expression « mettre sa main au feu» lorsqu'on est sûr de son fait.
  • l'ordalie par l'eau bouillante, variante de celle de l'épreuve du fer rouge. L'accusé devait plonger son bras dans un chaudron bouillant, et ramener le caillou (ou plus souvent l'anneau béni) qui s'y trouvait. Une fois de plus, on bandait le bras brûlé et on vérifiait l'état de la plaie quelques jours plus tard ;
  • l'ordalie par le feu. L'accusé devait traverser deux bûchers entrecroisés sans se brûler, afin de prouver son innocence ;
  • l'ordalie par l'eau froide. L'accusé (épreuve souvent appliquée aux sorcières) était plongé dans une eau froide bénite (souvent une rivière). S'il coulait c'est qu'il était « reçu » par l'eau bénite et donc était innocent, si le corps flottait cela prouvait sa culpabilité. Montesquieu rapporte que la plupart des femmes accusées de sorcellerie étaient âgées, frêles, voire squelettiques car vivant en marge de la société. Elles avaient donc tendance à flotter.
  • l’ordalie du fromage et du pain. On gavait l’accusé de fromage et de pain. S’il n’arrivait pas à avaler, s’étouffant, il était coupable, d’où l’expression « rester en travers de la gorge ». Le fromage peut être remplacé par l’hostie.

Mais il y eut aussi les Lumières, la Révolution Française qui a retiré au Roi tout puissant la souveraineté pour la rendre au peuple, l’abolition de la peine de mort, les droits de l’Homme et du Citoyen, repris par la Déclaration universelle des droits de l’Homme et du Citoyen. Le christianisme lui-même a fait son aggiornamento. Les Saintes Ecritures, énoncées en des temps très anciens, imprégnées de l’esprit du temps, ne pouvaient pas être reprises au pied de la lettre. Un sain toilettage a donc été judicieusement entrepris. Certes, il demeure des irréductibles attachés à ce qui pour eux reste un document immuable, respecté à la virgule près. Le créationnisme et l’intégrisme existent en Occident. Mais cela reste une scorie. Et le courant humaniste est repris par la majorité de la planète. Les spiritualités de l’Orient elles aussi sont imprégnées d’humanisme.

Reste l’Islam, arrimé à son rigorisme ouvert à tous les intégrismes. Un texte énoncé au VIIè siècle de notre ère reste encore pour certains d’actualité, même si le monde a connu depuis de spectaculaires mutations.

Pour expliquer cet immobilisme, au moins deux verrous.

Le Coran est pour les Musulmans un « incréé », entendre, rigoureusement la parole de Dieu à laquelle le prophète n’a fait que prêter sa voix. Parole donc inscrite dans le marbre. En dévier serait pour certains une hérésie, voire un apostat.

Ensuite, il n’y a pas en Islam de hiérarchie dont la fonction serait de dire le dogme (au moins chez les sunnites). Est interprète de la parole divine qui veut. Pas de clergé, pas de directive. Quiconque peut s’ériger en guide de la foi. Et les intégristes ne s’en privent pas.

Voilà donc le terreau sur lequel prospère l’islamisme radical dont l’objectif est en fait de nature idéologique et non religieuse. La religion est l’habillage dont les intégristes parent leur fascisme qui tend à contrôler tout le champ vital de l’individu de la naissance à la mort. Le califat serait régi par la règle coranique littéralement appliquée. Flagellation, lapidation, décapitation sont l’arsenal courant de la prétendue justice islamiste du XXIè siècle.

Mais on pourrait légitimement interroger les intellectuels de culture musulmane. N’ont-ils pas la culture et la compétence propices à une relecture des textes coraniques à la lumière des mutations que connaît le monde d’aujourd’hui ? Eux d’abord, auraient la légitimité pour renvoyer les illusionnistes à leurs fantasmes et à leur falsification.

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