La construction de l’Europe et la mondialisation telles qu’elles ont été réalisées ont peut-être été une réussite économique dans la mesure où elles ont dopé les échanges et dynamisé les entreprises qui étaient fortement armées pour affronter la concurrence effrénée qui s’en est suivie. Mais sans harmonisation des règles fiscales et sociales, elles ont été un véritable désastre social. On a mis la charrue avant les bœufs, et on assiste à une véritable guerre économique sans que ce soit à armes égales. Cette foire d’empoigne jette des contingents massifs de laissés pour compte hors du circuit. Sous cette forme, le libéralisme économique, c’est le renard libre dans le poulailler libre, qui conduit irrémédiablement vers le dumping social. Tout cela a contribué à faire apparaître à travers le monde une société duale.
Il semble qu’aujourd’hui, des responsables mondiaux en prennent véritablement conscience.
C’est ce qui paraît clairement dans la chronique de Sylvie Kauffmann dans le journal « Le Monde » du 11/12 septembre 2016.
On peut y lire :
« … plusieurs dirigeants occidentaux sont arrivés en dénonçant tous les maux de la mondialisation … Aujourd’hui la directrice du FMI, Christine Lagarde, plaide pour un capitalisme à visage humain, la première ministre britannique Theresa May estime que l’on ne peut pas se permettre d’ignorer la frustration des citoyens à l’égard des inégalités engendrées par la mondialisation ».
Aujourd’hui, selon Sylvie Kauffmann, nos dirigeants se demandent clairement « si la mondialisation est en panne, si elle atteint ses limites, comme cela est arrivé à d ‘autres phénomènes économiques fondamentaux dans l’histoire ? Est-elle en train de régresser ? La question occupe aujourd’hui les économistes les plus sérieux… »
Elle conclut : « C’est un moment particulier où un cycle économique semble prendre fin sans que la volonté politique d’en inventer un nouveau soit assez forte. Toute la question est de savoir combien de temps durera ce moment ».
Ne le suggérais-je pas déjà en commençant mon dernier blog intitulé « Le modèle social français » du 26 août 2016 par ces propos :
« Tout se joue désormais à l’échelle mondiale….. A défaut d’inaugurer un autre système économique qui reste à inventer de concert avec les partenaires mondiaux – (ne perdons pas de vue la mondialisation)-, il faut donc élaborer de nouvelles règles qui permettent aux entreprises françaises de lutter à armes égales avec leurs concurrents étrangers, donc de vendre et d’exporter et, les carnets de commandes se remplissant, de créer des emplois ».
Propos à inscrire dans le marbre.