Les pilotes des compagnies aériennes choisissent expressément les périodes de grand exode pour obtenir par la grève satisfaction à leurs revendications notamment salariales.
Aussitôt, l’opinion publique crie avec quelque raison à la prise d’otages. On ne manque pas d’exprimer une sorte de ras-le-bol d’un tel abus de position venant de travailleurs nantis.
Les enseignants menacent de faire la grève des corrections de copies du bac pour faire avancer leurs revendications salariales indéfiniment restées sans effets.
Scandale, s’écrient en chœur les parents d’élèves, « on condamne nos enfants à un future chômage »! et pour faire chorus, les pouvoirs publics posent l’exigence préalable du « travailler autrement », c’est à dire plus !
Tas de fainéants, ces profs qui sont bien payés pour ce qu’ils font.
Les conducteurs de trains déclenchent une grève en pleine période de vacances. Scandale ! Pauvres familles, condamnées à vivre les fêtes cruellement séparées de leurs parents et enfants ! Encore des prises d’otages.
Des médecins revendiquent le doublement de leurs honoraires et déclenchent une grève en pleine période de fêtes et de bombances, laissant les usagers pâtir de leurs excès de table et les services d’urgences menacés de paralysie, tandis que des accidents vasculaires ne trouvent pas de secours. Dans les hôpitaux, des malades passent leur nuit sur des brancards dans les couloirs en attendant d’être pris en charge par le service d’urgence.
« C’est peut-être un peu prématuré d’appeler à une grève dure dès maintenant d’autant plus à une période où les Français sont malades et ont du mal à trouver des médecins’ (Frank Devulder, président de CSMF, Le Monde 29/12/22).
« Au SAMU 47, dans la nuit de lundi à mardi, nous avons eu jusqu’à trois heures trente d’attente pour répondre aux patients qui appellent le 15 » (Jean-François Cibien, vice-président de l’Association du SAMU 47. Le Monde 29/12/22).
Que dit la vox populi ? Pas de bruissements, un silence lourd de timidité s’étend sur la ville. Ne risquons pas de termes blessants qui émouvraient ces si dévoués soignants. Eux qui désormais imposent des horaires de fonction publique, une liste limitative de patients « agrémentés », refusent pour la plupart dorénavant les visites à domicile, laissent un nombre grandissant de patients sans médecin, leur liste étant définitivement close, refusent les tours de permanences. Mais qui les a contraints à faire des études de médecine, et aux frais des contribuables par surcroit, leurs éventuels patients ?
Elle est belle, la vie !