Aux législatives partielles de Villeneuve sur Lot en Juin 2013, le Front National parti d’extrême droite est arrivé au premier tour en 2° position avec plus de 26% des voix devant le PS qui se trouve ainsi éliminé du jeu.(54,12% d'abstention)
Le premier réflexe conduit à lier ce résultat au choc qu’a provoqué dans l’opinion publique l’affaire Cahusac.
Certes, ce scandale n’a pas dû être absent des isoloirs, au moment de glisser le bulletin dans l’enveloppe. Et des électeurs désabusés ont sans doute déserté les urnes, taraudés par le slogan « tous pourris ». Mais se borner à ne retenir que cet unique phénomène si grave a-t-il pu être dans l’esprit des citoyens serait une fois de plus passer à côté du véritable malaise que vit la société d’aujourd’hui.
Tous les laissés pour compte des bouleversements socio-économiques que traverse aujourd’hui la société ne se sentent plus protégés par les mécanismes que les luttes sociales successives puis les gouvernements de l’après-guerre avaient mis en place pour justement assurer la justice sociale. Ce qui a constitué ce qu’on a appelé « le modèle social français » et qui faisait l’admiration des pays étrangers est désormais vécu par les entrepreneurs et il faut le dire, par les actionnaires, comme des freins insupportables à la croissance et au profit, mais surtout à la rentabilité du capital. Les finances et le profit ont pris le pas sur l’économie dite aujourd’hui « réelle ». Il convient donc d’entreprendre méthodiquement le démantèlement de ce qui constituait ce modèle social qui assurait bon an mal an la justice sociale et rendait encore possible l’ascenseur social.
Mais, désormais, seuls ceux qui ont des bases matérielles solides ou sont en mesure de s’assurer des réseaux efficaces échappent à la menace du naufrage social. Pour les autres, qu’on dénomme « les petites gens », il y a eu encore, pendant une période intermédiaire des organismes sociaux ou politiques pour leur apporter un soutien ou une entraide. Par exemple, longtemps le parti communiste a « fait les cages d’escaliers », témoignant sa solidarité à « la classe ouvrière ».
Aujourd’hui, même ce parti a déserté les tours et immeubles, et les partis politiques traditionnels ont trop vite effacé de leur horizon la classe ouvrière, considérée comme en voie de disparition.
Pourtant, cette class ouvrière existe bel et bien. Elle a simplement changé de visage. Elle englobe toutes ces petites gens qui galèrent pour faire vivre les leurs, tous ceux qui tremblent à l’idée de vivre la dégringolade de leur condition déjà bien précaire. Plus personne ne parle de leurs conditions de vie, ne tient un langage qui reflète véritablement leurs préoccupations ou leur donne l’espoir d’une issue favorable.
Or, quelqu’un a bien saisi cette opportunité, l’intérêt de ce « créneau ». C’est Marine Le Pen. Son père parlait surtout aux aigris du pétainisme ou de l’Algérie française et limitait donc son pré carré à ce bataillon étriqué d’activistes.
Mais elle, a compris le bénéfice qu’il y avait à tirer en tenant un langage simple, simpliste même, qui laisserait croire à tous ceux qui se sentaient orphelins de la politique que le « n’y a qu’à » de son programme suffirait à les sortir du marasme. De plus, il faut reconnaître que toutes ces affaires nauséabondes que sont les affaires Bettencourt, Cahusac, Tapie et d’autres, bien récupérées pour nourrir le « Tous pourris » des héritiers du poujadisme ne peuvent que grossir au moindre mal les rangs de l’abstentionnisme, au pire les partis exrêmistes.