Au cours du journal de 20 heures de France 2, dimanche 8 août 2010, on a assisté à ce qui se voulait un témoignage de bonne moralité au profit de Lies Hebbadj, l'épicier précédemment accusé de polygamie par les autorités et présentement de violence et de viol par une de ses anciennes compagnes. Or, les deux témoins, on nous a dit que c'étaient d'anciennes compagnes de l'accusé, se sont exprimés devant la caméra entièrement voilés, ne laissant apparaître à travers une fente du voile que deux paires d'yeux. L'honorabilité ou l'immoralité du principal personnage n'est nullement ici en question. Mais ce sont les deux prétendument témoins qui le sont. Qui était-ce véritablement? En l'occurrence, j'aurais pu intervenir moi aussi entièrement voilé en me présentant comme une de ses parentes ou compagnes. Nous sommes ici incontestablement devant ce qu'il faut bien appeler une déclaration anonyme. Et du coup, quel crédit accorder à de tels propos qu'on est alors légitimement en droit de soupçonner de complaisance? Ou bien alors, faudrait-il en d’autres circonstances accorder quelque crédit à des dénonciations anonymes par exemple ? Comment des journalistes sérieux ont-ils pu se prêter à une telle mascarade? La préférence désormais accordée au micro-trottoir ne devrait pas céder à une telle facilité dommageable pour l'information.
D’où premièrement l’on aperçoit le risque de dérive où mènerait toute tergiversation à propos de l’interdiction du port du voile intégral en public.
Et au final, en télévision, l’important est-il de faire à tout prix de l’image ou de faire passer une information ?