« Depuis 1974, aucun gouvernement n’a pu élaborer un budget ne serait-ce qu’en équilibre ... La dette publique approche désormais les 2000 milliards d’euros et nous coûte chaque année 45 milliards d’intérêts ». (Le Monde 18/4/2014).
A cette calamité en France, il faut ajouter la persistance d’un chômage endémique qui frappe en majorité les jeunes, les « séniors » et les demandeurs sans qualification.
Face à une telle situation, que faire ?
La persistance d’une dette d’une telle ampleur nous place sous la coupe des marchés financiers qui fixent librement le niveau des taux d’intérêt en fonction de la crédibilité de notre projet budgétaire ou de notre solvabilité. Comment revenir à ce que ce soit le politique qui l’emporte sur les marchés ?
Quant à la situation sur le front social, ce sont les entreprises qui en détiennent la clé, maîtresses qu’elles sont, et elles seules, de la création d’emplois.
Le gouvernement n’a donc pas le choix : il doit lutter contre la tendance inflationniste du programme budgétaire de l’Etat, provoquer une décroissance de la dette, et créer les conditions favorisant la compétitivité des entreprises, la croissance, et la création des emplois qui en découle.
L’Etat est seul maître de la résorption de sa dette et maître conjointement avec les entreprises de la compétitivité de ces dernières.
Résorption de la dette : il doit entreprendre des réformes de structures qui doivent rendre les institutions et les administrations à la fois plus économes et plus efficaces. Cela passe forcément par des sacrifices partagés par les administrations et hélas ses serviteurs. Mais ces sacrifices doivent être placés sous le sceau de la justice sociale qui épargnerait ou aiderait les plus fragiles et les moins aisés, ce qui distingue une politique de gauche d’une politique de droite.
Dans ce contexte, il est indécent, voire scandaleux d’entendre des fonctionnaires percevant 2300€ net ou plus mensuels et assurés de la sécurité de leur emploi pleurnicher contre les mesures annoncées et/ou manifester (entendu et vu à la télévision) pendant que d’autres (des millions) doivent se débrouiller avec quelques centaines d’euros mensuels contre un emploi souvent précaire ou menacé de délocalisation. Or, il s’agit simplement pour ces fonctionnaires de gel temporaire d’évolution et non de diminution de salaire. Sinon, comment faire autrement ?
Créer les conditions favorables à la création d’emplois : Les entreprises, et elles seules, ne créeront des emplois que si leur compétitivité, et donc leurs carnets de commandes les y encouragent. L’Etat y peut quelque chose, par sa politique fiscale et sa législation.
Dans ce domaine aussi, il faut sortir d’une vision archaïque qui oppose les « patrons » ou les « possédants », on disait jadis « les cent familles », aux « prolétaires » dans une lutte frontale des classes, comme si on était encore au XIXè siècle, à l’aube de la révolution industrielle.
Il n’y a pratiquement plus de grandes familles détentrices d’entreprises dont elles possèderaient en propre le capital et les moyens de production. Ce sont désormais de grands groupes internationaux dont les actions sont aux mains de groupes financiers anonymes disséminés à travers la planète. Et il est caricatural de prétendre comme le font les partis extrémistes ou certains syndicats que prendre des mesures d’allègement fiscal en faveur des entreprises, c’est mettre l’argent dans la poche des patrons. Il n’y a pas de cadeaux. Ce sont juste des conditions créées pour alléger les coûts de la production et favoriser la compétitivité des entreprises hexagonales face aux entreprises étrangères. L’argent ne va dans la poche d’aucun patron, simplement il en sort moins du budget de fonctionnement des entreprises.
Certes, favoriser l’essor des entreprises, surtout des plus grandes, c’est par ricochet doper la valeur des actions à la bourse. Question complexe qu’il convient de traiter indépendamment de la question sociale. Comment faire participer à l’effort national les rentiers et tous ceux qui gagnent de l’argent en dormant ? La déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789 ne dit-elle pas en son article 13 :
« Art. 13. Pour l'entretien de la force publique, et pour les dépenses d'administration, une contribution commune est indispensable : elle doit être également répartie entre tous les citoyens, en raison de leurs facultés » ?
Mais surtout, là où devrait se focaliser l’énergie des syndicats et des partis protestataires, voire celle des politiques : Comment faire en sorte que ne joue pas le dumping économique ou social ? Quelles doivent être les règles des échanges entre les partenaires européens, voire mondiaux ? Comment élaborer un espace économique régional ou mondial qui garantisse l’égalité des chances et ne provoque pas la casse sociale ? Bref : comment mettre l’économie au service de l’humain, et non pas l’inverse ?