sortir du nucléaire? ou du "tout nucléaire"?

Le nucléaire fait peur. Et ce n’est pas la catastrophe de Fukushima, dont il n’est nullement question de minimiser la gravité qui atténuera cette peur.

Comme l’ont prouvé Three Mile Island, Tchernobyl, et aujourd’hui Fukushima, le nucléaire peut être source de catastrophes considérables et lourdes de conséquences pour des temps infiniment prolongés. Et il fait peur. Alors, faut-il bannir le nucléaire ?

Faut-il organiser un référendum pour sortir du nucléaire comme le proposent précipitamment les écologistes ?

Procéder dans l’urgence à un référendum sur le nucléaire, ce serait comme si immédiatement après des viols sur des fillettes on proposait un référendum sur la peine de mort. Bondir sur de l’émotionnel pour arriver à ses fins n’est en rien rationnel ni démocratique. La raison plutôt que la passion.

Il est tout à fait raisonnable, voire nécessaire de projeter un recours à la vox populi pour savoir si l’utilisation de l’énergie nucléaire est indispensable ou souhaitable pour le développement et la croissance. Mais au paravent, une information honnête et complète est nécessaire pour donner aux citoyens tous les éléments qui leur permettront de décjder en pleine connaissance du problème. Il faut sortir de cette fâcheuse tendance à cultiver le secret qu’entretiennent les milieux spécialisés du nucléaire.

Les écologistes préconisent une sortie du nucléaire. Selon eux, le démantèlement des centrales nucléaires devrait être total. Mais en l’état actuel des choses, pour quelles énergies de substitution ? Le charbon serait source de pollution et de gaz à effet de serre considérable. Outre la détérioration des paysages, on connaît encore mal les effets néfastes qu’une multiplication incontrôlée des éoliennes provoquerait sur l’environnement et la population volatile (oiseaux et chauves-souris). En outre, pour les produire, ainsi que les plaques photovoltaïques, il est nécessaire de disposer d’énergie en amont. D’où viendrait-elle ? Le même problème se poserait pour la charge/recharge des batteries des véhicules à énergie électrique.

Quant au problème de l’emploi, il est pour le moins erroné de prétendre que le démantèlement des centrales nucléaire maintiendrait son niveau. La plupart des emplois dans le domaine nucléaire sont très spécialisés : principalement ingénieurs et techniciens hautement qualifiés dans leurs catégories respectives. Il ne subsisterait que des emplois subalternes en nombre très limités. Le chômage serait considérable et on risquerait de vivre un drame social qui rappellerait celui qu’avaient connu en leur temps la sidérurgie ou les charbonnages.

Au final, quel modèle de société ou quel type de développement souhaitons nous ? Parler de décroissance est déraisonnable, voire irresponsable. Naguère, certains appelaient de leurs vœux « l’année 01 de la croissance zéro ». Or, nous y sommes pratiquement ou presque depuis plus d’un quart de siècle, avec tous les dégâts sociaux que l’on sait. Quant à la lampe à huile, le char à bœufs et la marine à voile, ils gardent leur charme pour une veillée un soir à la chandelle au coin du feu, mais enfin ....

Et justement, à propos de croissance, personne ne dit que si à Fukushima, le séisme et le tsunami qui a suivi ont provoqué une vingtaine de milliers de morts, bien que ce soit déjà ce nombre de trop, et non pas 200 000 morts comme en Haïti, c’est bien parce que sans matières premières et surtout sans sources d’énergie, le Japon a connu un niveau de développement très élevé qui, grâce à une technologie  moderne et des  moyens perfectionnés a préservé ses habitants d’une catastrophe encore plus dramatique, et cela grâce à l’utilisation du nucléaire, n’en déplaise à tous les grincheux qui ont trop tendance à jeter le bébé avec l’eau du bain.

Alors, certes, donnons nous les moyens de diversifier nos sources d’énergie et de nous prémunir des dangers existants, mais évitons de sombrer dans des excès et comme Gribouille, de nous jeter à l’eau pour éviter la pluie.