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22 février 2010 1 22 /02 /février /2010 13:35

cent-com3.jpgcentre commercial-ac387

centre commercial-ac387"Beaucoup de Français veulent consommer en famille. Pourquoi le leur interdire?" demande Richard Maillé, député(UMP) des Bouches du Rhône.

Ses arguments pour l'ouverture dominicale des magasins des villes se veulent d'ordre sociétal (les achats en famille) et économique (les commerces réalisent plus du tiers de leur chiffre d'affaires sur cette journée).

L'argument sociétal: Voudrait-on vraiment offrir à la société pour seul modèle de loisir familial les courses du dimanche, les enfants en file indienne derrière leurs parents à travers les interminables halls des grandes surfaces? Nous voilà alors entrés de plain-pied dans l'ère du consumérisme. On déplore déjà que souvent, en semaine, les enfants se retrouvent seuls à la maison au sortir de l'école parce que les parents travaillent. Faudrait-il que de surcroît, le dimanche, ils soient condamnés ou bien à parcourir les magasins où ils n'ont rien à faire, ou bien à se morfondre seuls à la maison devant la télé pendant que leurs parents travaillent, font du lèche-vitrine ou la queue derrière les comptoirs?

Au demeurant, la loi des 35 heures n'avait-elle pas pour une des vertus de libérer du temps qui, outre l'ouverture aux loisirs, aurait permis aux salariés de faire leurs courses sans empiéter sur le temps du partage familial? D'ailleurs, ne remarque-t-on pas que depuis cette loi, les commerces sont bien plus fréquentés le vendredi soir?

Mais c'est l'argument économique, et secondairement social qui semble ici l'emporter. En effet, "sachant que 70% des achats du dimanche sont exclusifs à cette journée, c'est un levier important pour notre économie". De même, "Pour quelle raison empêcherait-on 47% des Français ... de travailler"? Et "le pouvoir d'achat des Français doit être relancé".( dixit M.Maillé)

Mais M. Maillé ne se demande pas pourquoi par exemple on empêche les plus de 57ans de conserver leur emploi, eux qui voudraient bien travailler, ou bien encore pourquoi on réduit de plus en plus de travailleurs à un chômage forcé en supprimant brutalement leur emploi. Ceux-là aussi voudraient exercer leur droit fondamental au travail, et disposer d'un pouvoir d'achat décent.

Le travail du dimanche contribuerait à accroître le pouvoir d'achat des Français nous dit-on. N'y aurait-il pas un moyen plus progressiste d'y parvenir qui consisterait à augmenter les salaires? En outre, les heures supplémentaires ne bénéficieraient qu'à ceux qui auraient déjà un emploi et relèveraient d'abord de la décision du patron et non pas de celle des employés. Car ne nous berçons pas de mots. Le volontariat des heures supplémentaires ou du travail du dimanche tournerait vite à une obligation déguisée, l'embauche se voyant préalablement subordonnée à une acceptation systématique de ces conditions à la discrétion du patron. N’a-t-on pas vu récemment un patron menacer ses employées de licenciement parce qu’elles refusaient de travailler le dimanche ? Parce que Etelvina  F ... 46 ans et Elise K ... 40 ans mères de famille n'avaient aucune envie de travailler le dimanche le magasin ED d'Oyonnax les a flanquées à la porte.  De même, les salariés de La Halle aux Chaussures et de Chausseland risquent bientôt de se voir imposer le choix entre travailler le dimanche ou être mutés, et on ne sait vraiment où. C’est le patron, disent-ils qui fixe l’organisation du travail de l’entreprise ; Que répond M.Maillé ?

Mais plus généralement, la civilisation occidentale d'influence judéo-chrétienne a retenu le dimanche comme journée chômée. Initialement consacrée à la célébration du culte, cette journée est devenue celle du partage familial ou de la convivialité. Il serait concevable de choisir un autre jour, mais que cet espace de liberté soit préservé afin que chacun, libéré des contraintes de la vie laborieuse puisse se consacrer à ses propres aspirations et à son épanouissement personnel. Il faut qu'au temps du travail puisse succéder le temps du loisir et du partage. Et comment la famille ou le groupe pourrait-il se retrouver pour la joie ou le plaisir si un jour précis ne lui était pas octroyé? Pour M.Maillé, un projet de société n'est-il concevable que gouverné par des impératifs économiques? La vraie rupture serait que la politique retrouve pleinement ses droits et gouverne l'économie. Le Général De Gaulle n'avait-il pas affirmé que "la politique ne se fait pas à la Corbeille", et dans un style plus trivial, Edith Cresson n'avait-elle pas avoué que "la bourse, j'en ai rien à cirer"? Tout un programme.

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