ZORRO est arrivé!

On souhaiterait ardemment que l’insurrection libyenne réussisse à éjecter son dictateur et à installer une véritable démocratie propre à inspirer tout le monde arabe. Faut-il pour autant se lancer ostensiblement dans une agitation tonitruante qui tranche étrangement avec la mollesse qui a salué le soulèvement tunisien, puis égyptien? N’y avait-il pas des moyens plus discrets que le  fracas des armes pour aider les insurgés à résister puis à menacer le tyran afin de le contraindre à céder ?

Une intervention militaire, même limitée à un contrôle de l’espace aérien, mène immanquablement, on le constatera sans doute plus tard, à des actions de guerre, ne serait-ce que pour neutraliser au sol les forces aériennes restées fidèles au dictateur, et donc procéder à des bombardements. Et si ses sbires menacent la population et commettent des actions terroristes urbaines, il faudra bien intervenir au sol afin d’épargner les civils. Tout cela a un nom : la guerre. Et avec elle, le risque d’enlisement. L’Afghanistan et l’Irak en sont les exemples flagrants. Appellera-t-on alors cela une "opération de maintien de l'ordre et de pacification"? On a déjà vu ça!

Bien entendu, nos stratèges ne sont pas naïfs et ont dû peser tout cela. Et on ne peut s’empêcher de songer à la dégringolade vertigineuse que subit actuellement dans les sondages notre distingué président. Tous ces mouvements virils du menton ne seraient-ils pas l’occasion rêvée de rechercher à l’extérieur ce prestige tant convoité et désormais introuvable à l’intérieur ? Napoléon le Petit avait tenté la même manœuvre en 1870 du côté d’Ems et avait lamentablement sombré à Sedan. Puissent nos forces armées sortir sauves de cette aventure hasardeuse et les Libyens réussir dans leur quête de liberté en préservant leur intégrité. Décidément, Zorro est incorrigible !