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21 mai 2010 5 21 /05 /mai /2010 19:43

P008406_redimensionner.jpgL’Union Européenne a montré tout récemment à l’occasion de la crise grecque et plus généralement de la crise qui bouleverse actuellement l’économie mondiale  son inanité ou son inconsistance réelle. Chaque gouvernement national y est allé de sa propre vision et de sa solution restreinte pour tenter de combattre le fléau, et surtout de tâcher de préserver sa propre économie ou au moins d’en  limiter les dégâts. La seule préoccupation commune peut-être a été de sauvegarder l’euro, la monnaie commune. Et l’on comprend que ce souci partagé ne l’a été que parce que l’économie des partenaires étant totalement imbriquée, il y allait de la stabilité de chacun que ce secteur au moins fût protégé. Et au passage, on voit bien par cette péripétie que l’Europe n’est en vérité qu’un vaste marché commun régi par des technocrates auxquels les politiques ont confié le soin d’assurer la bonne marche de l’économie.

Au demeurant, il faut bien constater que chaque fois que la souveraineté des états membres court  un tant soit peu le risque d’être écornée, on assiste à une énergique levée de boucliers. Et ce n’est pas pour rien qu’à l’origine, les décisions avaient été soumises à l’unanimité. Un tel droit de veto n ‘a eu pour seul but que de préserver chaque état membre d’un choix qu’il jugerait contraire à ses propres intérêts. Le dernier avatar est l’émoi qu’a soulevé au sein de la communauté la proposition de soumettre les projets budgétaires des états à l’examen de la Commission Européenne. Sacrilège abandon de souveraineté nationale, comme si on oubliait tout à coup que c’était justement de la construction de l’Europe qu’il s’agissait.

Mais l’ambiguïté ne vient-elle pas de ce qu’avant de s’atteler à sa construction, on avait omis de préciser de quelle Europe on voulait ? S’agissait-il d’un espace géographique ? Alors quels partenaires et donc quelles limites ? Ou bien songeait-on à associer tous ceux qui voulaient bien partager un héritage commun ? Alors dans quels domaines ? Politique, philosophique, culturel, sociétal, etc,  bref ce qui consoliderait un harmonieux vivre-ensemble ? Dans ce cas, quels éléments constitutifs de ce patrimoine conviendrait-on de partager ?  C’est semble-t-il de tout cela qu’il aurait été judicieux de débattre avant de réaliser l’ensemble dont on voit bien aujourd’hui que la construction, non encore achevée d'ailleurs, déclenche de multiples polémiques. Les discussions sur l’entrée de la Turquie dans l’Union en est un retentissant exemple. Et les questions soulevées par une éventuelle candidature du Maroc en est un autre. Jusqu’où pourrait ainsi s’étendre l’Union européenne dont personne ne sait très bien  dessiner les contours et les caractères ?

Mais il semble bien que la question embrasse un champ ô combien plus vaste. L’histoire nous montre que par le passé, les tentatives d’élargissements d’entités politiques n’ont réussi que lorsqu’elles ont été entreprises conjointement par des peuples mus par un projet commun précis, et non pas dictées du haut d’une autorité si légitime fût-elle. Ainsi en a-t-il été des Etats-Unis d’Amérique, de l’Afrique du Sud ou de l’Australie par exemple. En revanche, l’URSS n’a duré que le temps de la contrainte communiste, plus récemment la tentative de construction de la République Arabe Unie entreprise par l’Egypte et la Lybie a connu une existence éphémère, les pays africains actuels contenus artificiellement dans des limites héritées des anciennes colonies n’en finissent pas de s’abimer dans des guerres tribales dévastatrices.. Et pour revenir à l’Europe, de vieilles nations comme la France, l’Espagne, le Royaume Uni ou bien d’autres se sont constituées au cours d’une histoire ancienne de près de mille ans profondément enracinée dans leur cœur. Et ce n’est pas en sautant comme un cabri sur une chaise et en clamant « Europe, Europe, Europe » (cela ne vous rappelle rien ?) qu’on escamotera cette réalité tenace qui fait obstacle à une fusion dans un moule commun.

Au reste, est-ce pur hasard si à Bruxelles flottent non pas uniquement la flamme étoilée de l’Union mais les drapeaux de chacun des pays constituants ? Verrait-on de la même façon flotter devant la Maison Blanche ou le Capitole les drapeaux de chacun des états américains ? Et à voir les déchirements qui opposent en Belgique les Wallons et les Flamands, on peut aisément imaginer le pugilat pas uniquement verbal auquel on assisterait s’il s’agissait de choisir une langue unique officielle européenne. De même, on  pourrait prédire l’embrouillamini que déclencherait par exemple la décision de remplacer les différentes fêtes nationales par la célébration commune de la naissance de l’Union européenne dans tous les pays membres.  Et combien de personnes en Europe considèrent et célèbrent "l’ode à la joie" tirée de la 9è symphonie de Beethoven comme l’hymne de l’Europe ?

Alors, quid de l’Europe rêvée par ses pères fondateurs ? N’aurait-il pas été plus raisonnable ou réaliste de tenter d’esquisser des ensembles régionaux plus modestes et plus centrés sur des projets limités mais consensuels ? Ces constructions achevées, il aurait été peut-être plus aisé ensuite de tenter un élargissement dicté par d’autres projets communs . Dans cet ordre d’idée, le projet d’un espace méditerranéen était a priori une idée judicieuse. Mais pour le reste ?

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