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14 mars 2010 7 14 /03 /mars /2010 11:33

images.jpgD’élection en élection, on constate une croissance alarmante du taux d’abstention ou à certaines occasions de celui du vote extrémiste. Et les sondages nous annoncent plus de 40% d’abstentions pour les élections régionales de mars 2010.

S’agissant du vote extrémiste, on a voulu croire un temps qu’il était le simple effet d’une manipulation dans les thèmes de campagne électorale ou dans le « tripatouillage » du mode de scrutin. Peut-être cela a-t-il joué, mais à la marge tout au plus. Face au marasme et à l’apparente impuissance des gouvernants le reflexe protestataire a aussi sa part à l’évidence.

Mais pour le taux croissant d’abstention, on se borne souvent à incriminer le comportement peu vertueux de certains hommes politiques pouvant donner aux citoyens à croire au slogan « tous pourris » et les détournant de la politique. Cela aussi sans doute a pu jouer dans une mesure somme toute négligeable.

Or, à bien observer, d’autres failles bien plus profondes devraient inciter nos responsables politiques à envisager un changement radical et dans leur pratique de la politique, et dans le système même de fonctionnement de notre régime politique.

Pour faire plus bref, le temps n’est-il pas venu finalement de changer de constitution ?

La pratique de nos responsables :

Comment nos édiles peuvent-ils justifier un tel appétit de mandats d’échelons divers, alors qu’ils n’ont matériellement pas le temps de répondre efficacement à toutes les responsabilités que cela comporte, et que de surcroît, cela les entraîne à pratiquer souvent un absentéisme scandaleux aux séances des instances auxquelles ils ont été élus ? La démocratie se pratique-t-elle par défaut, et cela étant, offre-t -elle un spectacle motivant pour nos concitoyens ? Ainsi, par exemple, tel(le) secrétaire d’Etat est aussi vice-président(e) de communauté d’agglomération, conseiller(e) régional(e) et maire. Nombreux sont ceux qui cumulent les mandats en quantité scandaleuse. Quelles places restent alors offertes aux jeunes gens prêts à se dévouer pour la chose publique?

Autre comportement contestable : nos excellences ministérielles ou de haute administration devraient faire l’effort de garder à l’esprit une authentique notion de la mesure conforme à l’éthique et proscrire toute tendance à profiter de manière outrancière et personnelle des ors de la République. Trop souvent et pendant longtemps l’abus des avantages matériels liés aux fonctions exigeant un certain niveau de représentation incontestable par ailleurs avait atteint un degré scandaleux et confinant à une forme d’enrichissement personnel. Et on passe sur les trafics d’influence. Est-ce l’image que des responsables entendent donner de leur conscience politique et de la démocratie au service des citoyens ?

Bien d’autres formes de comportement  politique mériteraient un changement radical. L’usage immodéré de la langue de bois, la confusion entre la vie privée mise à l’écran et la vie publique rendue parfois opaque, bref tout un mélange démagogique des genres qui tend à se substituer à un authentique dévouement à la cause publique pour laquelle on a sollicité un mandat. Egalement le népotisme et le clientélisme.

Et stigmatisons au passage le fâcheux penchant qu’ont les individus un peu légers à céder trop promptement à la tentation d’utiliser toutes les ficelles de la procédure pour échapper aux rigueurs de la justice quand ils sont pris la main dans le sac. Pour le citoyen lambda, la mansuétude réservée à ces turpitudes comparées aux rigueurs de la loi face aux égarements des voleurs de poules fait carrément désordre.

Le système politique, la constitution :

Quand nos hommes politiques mettront-ils leurs initiatives  en accord avec leurs proclamations? Par exemple jusqu’à quand faudra-t-il attendre qu’une véritable limitation des mandats rende nos élus disponibles pour leur tâche essentielle qui est d’organiser effectivement la vie publique, et permette à plus de femmes et d’hommes nouveaux d’accéder à des responsabilités au service des citoyens ? Ainsi serait peut-être résolu du même coup le problème des listes à constituer et celui de la répartitions des sièges à pourvoir, sans que soit systématiquement déclenchée à chaque élection une bataille de polochons et un jeu de chaises musicales. Et ne pourrait-on pas envisager une limitation au renouvellement des mandats dans le temps, et pourquoi pas une reddition des comptes ?

Comment faire en sorte que le Parlement contrôle effectivement l’exécutif comme cela est sa fonction propre sans que chaque fois ce dernier pratique le passage en force ou laisse planer la menace de la dissolution ? Et on passe sur le fâcheux penchant du chef de l’Etat à confondre sa fonction au service de tous les citoyens avec celle de chef du parti dominant.

De même comment rendre aux élus de la nation le rôle primordial qui leur revient de faire la loi sans que systématiquement l’ordre du jour soit confisqué par l’exécutif ?

Comment redonner aux syndicats l’efficacité qui leur revient pour défendre les droits des travailleurs et être écoutés des pouvoirs publics.

Comment faire en sorte que les citoyens aient réellement le sentiment qu’en se rendant aux urnes ils ont le pouvoir de peser efficacement sur l’avenir, alors que pour l’heure, ils ont l’impression de n’être requis que pour conforter les notables dans leurs sinécures reconductibles sinon cooptées ou héréditaires .

Lors de la dernière consultation sur le texte constitutionnel européen, les citoyens s’étaient largement prononcés pour le non. Agissant comme si rien ne s’était passé, nos gouvernants sont passés outre et ont concocté un nouveau texte reprenant pour l’essentiel ce que les citoyens avaient rejeté. Il avait même été envisagé de faire revoter les citoyens parce qu’ils ne s’étaient pas prononcés dans le sens souhaité par les élites ! N’était-ce pas jadis Lénine qui avait dissout la première assemblée constituante élue au suffrage universel parce qu’elle n’avait pas correspondu à son attente ?

Enfin, ne serait-il pas de l’intérêt même de la démocratie de revoir le statut du vote blanc qui a un sens bien différent de celui du vote nul ?

La République et la démocratie, après près d’un siècle et demi d’existence et bien des bouleversements en France et dans le monde méritent sans doute bien plus qu’un simple lifting.

Additif après le premier tour des élections régionales du 14 mars 2010:

En confrontant les résultats du premier tour des élections régionales de mars 2010 et le projet de redécoupage des circonscriptions électorales que nous concocte le gouvernement, on peut se demander si véritablement nos dirigeants ont bien l’intention d’encourager nos concitoyens à reprendre le chemin des urnes. Avec plus de 53% d’abstentions au premier tour, comment ne pas s’inquiéter de la légitimité de nos élus, de la conscience civique de nos concitoyens, et de l’intérêt qu’ils peuvent porter à la chose publique. On a assez insisté sur les possibles multiples causes de cette désaffection. Mais avec ce que nous mijotent nos responsables, nous aurons atteint un degré de cynisme scandaleux.

Il serait question de limiter désormais les élections à un seul tour, la prime étant donc accordée aux listes ou aux candidats placés en tête.

Or, le 14 mars 2010, la droite a essuyé une magistrale correction avec au plan national un taux de 26,28 % des suffrages exprimés la plaçant derrière la gauche  à vocation gouvernementale (PS+PRG+MDC: 29,54%), taux le plus bas jamais atteint à une élection similaire. Le taux d’abstention ayant atteint le niveau record de 53,6%, ce sont 12,19% des électeurs inscrits qui se sont prononcés en sa faveur. Donc plus de 80% des électeurs n’ont pas estimé nécessaire de se déplacer pour soutenir le parti du gouvernement.

Eh bien, malgré ce camouflet impressionnant , si le projet de réforme électoral en préparation avait été adopté et donc appliqué, le parti au pouvoir, arrivé souvent avec une marge très serrée en tête au premier tour dans 25 départements ( seulement dans 9 régions sur 22) aurait pu afficher un certain succès confinant au véritable hold-up électoral. La gauche républicaine (PS+MRG+MDC+Front de gauche+Ecologistes) avait réuni au plan national comme dans les départements plus de 50% des votes exprimés. et au vu de ces résultats, s'ils étaient confirmés, pourrait espérer réaliser le grand chelem au deuxième tour. On comprend que la morale politique n’y trouverait pas son compte et que les citoyens peuvent estimer le cas échéant inutile de se déplacer pour contribuer à une telle mascarade.  Et la démocratie, là-dedans ?

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