Conformément à la Constitution de 1958 en vigueur, ( Art. 24 et 51-2) la commission d’enquête du Sénat a mené à son terme sa mission concernant l’Affaire Benalla, et son bureau a remis au Parquet son rapport en vue de poursuites éventuelles dont seul le Parquet peut décider la suite. Sont sur la sellette, outre MM. Benalla et Crase, trois très proches collaborateurs de M. Macron, soupçonnés d’omissions et de contradictions dans leurs dépositions. En quelque sorte, le bureau du Sénat dit à la justice : “A vous de voir ce que vous trouvez” » Donc, rien que le droit, mais tout le droit.
Immédiatement, branle-bas de combat au sein du pouvoir. Le Sénat est accusé d’outrepasser ses droits constitutionnels.
Le Premier ministre Edouard Philippe boude les séances du Sénat où il devait être entendu, le Président de l’Assemblée nationale Richard Ferrand n’effectuera pas le déplacement prévu à Lille en commun avec le Président du Sénat Gérard Larcher, le porte-parole du gouvernement Benjamin Grivaux accuse presque la commission sénatoriale de forfaiture, rien moins.
Déjà, lors de la formation de sa commission et de sa mise en œuvre, , le Sénat avait été l’objet d’interventions voire de pressions de membres du gouvernement, le Président Gérard Larcher avait même été appelé par M. Macron et soumis à une tentative d’intimidation. C’est dire si l’affaire faisait trembler le sommet du pouvoir. Mais pourquoi tant d’émoi ?
En serions nous arrivés là si dès la révélation par les medias des débordements de M. Benalla l’entourage du président de la République avait pris les sanctions et l’éviction qui s’imposaient contre ce personnage sulfureux, plutôt que de chercher à le protéger coute que coute ? M. Macron avait été jusqu’à lancer devant ses fidèles en se frappant la poitrine la bravade : « le coupable, il est devant vous, qu’ils viennent me chercher »
Eh bien oui, ils sont allés le chercher à travers ses fondés de pouvoir, ils lui demandent des comptes comme ils en ont le droit. Au lieu de chercher à éclairer les représentants de la Nation, de clore l’incident par des explications claires et précises, le pouvoir pris de panique n’a eu de cesse de masquer ses excès et de louvoyer, révélant au grand jour son incompétence et son amateurisme.