(lu dans Le Monde du 16/9/2020)
« Il s’agit de dégager des marges de manœuvre pour l’Etat et la Sécurité sociale à hauteur de 6 milliards d’euros d’ici à 2024. Ce montant correspond au besoin estimé par le rapport remis à l’exécutif en mars 2019 par Dominique Libault ( Président du Haut Conseil du financement de la protection sociale), pour financer une future loi en faveur du grand âge…
Une idée dont le coût politique pourrait être élevé : la réduction de moitié du plafond de l’abattement de 10 % sur les pensions de retraite… cet abattement « n’a guère de justifications », avait estimé la Cour des comptes en 2011. Sa réduction de moitié dégagerait une recette fiscale de 1,5 milliard d’euros d’ici à 2025. L’alignement de la CSG des retraités les plus aisés (8,3 %) sur celle des actifs (9,2 %) est aussi mentionné dans le rapport. ».
Une fois de plus, « Haro sur le baudet ». Cible facile, ces manants de retraités qui ne peuvent ni faire grève ni beugler indéfiniment dans les rues leur ras-le-bol de se voir systématiquement tondre la laine sur le dos. N’ont-ils pas participé durant toute leur période d’activité à toutes les ponctions contributives auxquelles ont recouru tous les gouvernants successifs ? Et exception faite de ceux qui disposent d’un réseau protecteur, ne contribuent-ils pas pécuniairement à soutenir ceux de leur progéniture frappés par le chômage, (et disons le nettement, il y a légion en la matière) ? N’oublions pas non plus les nombreux retraités qui participent au bénévolat sous toutes ses formes. Cela n’est-il pas déjà une contribution à l’action sociale dont la tâche revient en principe à l’Etat ?
Mais dans son insatiable prodigalité et ses largesses clientélistes, le pouvoir n’a de cesse de frapper là où les troubles sociaux risquent moins de lui sauter à la face. Gare aux gilets jaunes!
Or, n’y aurait-il pas, avant de systématiquement s’attaquer aux plus faibles, d’autres sources de financement plus rentables et socialement plus justes, outre le puissant symbole que cela représenterait pour la solidarité ?
Citons quelques pistes :
Las actionnaires des entreprises cotées au CAC 40, à Paris, ont touché 60 milliards d’euros de liquidités en 2019, à savoir 49,1 milliards sous forme de dividendes et 11 milliards en rachats d’actions, soit 12 % de plus qu’en 2018. Signe évident de la bonne santé de ces entreprises qui avaient dégagé des profits s’élevant à 88,5 milliards d’euros en 2018, contre 68 milliards en moyenne sur les dix dernières années.
Ne voilà-t-il pas une piste à explorer sans grand risque ? Et ne cédons pas au chantage selon lequel cela risquerait de voir les capitaux s’expatrier. On sait au contraire que l’'attractivité de la France a continué à s'améliorer en 2019, avec un nombre record de décisions d'investissement et d'emplois créés par des entreprises étrangères. L'an dernier, le pays a enregistré 1.468 nouvelles décisions d'investissement étranger, soit une progression de 11% par rapport à 2018 (1.323 décisions),
Autre piste : la suppression de l’Impôt sur la fortune mobilière a fait perdre à l’Etat plus de 3 milliards d’euros. Quant à l’instauration de la flat tax, (plafonnement de l’impôt sur les revenus du capital) elle fera gagner aux 100 premiers contribuables à l'ISF en moyenne 582.380 euros par an chacun, donc autant de manque à gagner pour l’Etat.
Enfin, signalons le scandale que représente la dite « optimisation fiscale » qui n’est rien d’autre qu’une fraude fiscale légale offerte aux plus riches, et les niches fiscales qui l’accompagnent.