Le chanteur Johnny Halliday, l’homme d’affaires Bernard Arnault et l’acteur-homme d’affaires Gérard Depardieu (dont le patrimoine total englobant ses biens immobiliers et ses investissements, est estimé à 85 millions d’euros) après quelques autres parmi les plus grosses fortunes de France ont décidé de s’expatrier en Belgique pour différentes raisons déclarées, mais qui ont surtout pour effet évident de mettre leur fortune à l’abri du fisc.
Tout ce beau monde a réuni de telles fortunes grâce en principe à leurs efforts personnels et à leur talent dans le domaine des affaires ou du spectacle. Mais mentionnons tout de même que cette fortune, ils la doivent autant au travail et au talent de leurs salariés ou à la contribution pécuniaire de leurs admirateurs lors de leurs prestations, ces millions d’anonymes qui tout au long de leur vie de labeur ne totaliseront jamais ce que ces nantis tirent en une journée de leur patrimoine. Et ces anonymes n’échapperont jamais à l’impôt, cet impôt dont l’objectif est de permettre à l’Etat de remplir ses devoirs envers les citoyens. Rappelons ce que dit la déclaration des droits de l’homme de 1789, et repris dans le préambule de notre constitution :
Préambule de la Constitution de la Vè République :
Le peuple français proclame solennellement son attachement aux Droits de l'homme et aux principes de la souveraineté nationale tels qu'ils ont été définis par la Déclaration de 1789, confirmée et complétée par le préambule de la Constitution de 1946, ainsi qu'aux droits et devoirs définis dans la Charte de l'environnement de 2004.
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Article XIII de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789 :
Pour l’entretien de la force publique, et pour les dépenses d’administration, une contribution commune est indispensable. Elle doit être également répartie entre tous les Citoyens, en raison de leurs facultés.
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En clair, cela signifie que chacun doit contribuer en fonction de ses capacités au bon fonctionnement de l’administration publique. Donc, l’Etat est en droit de prélever une part raisonnable des revenus de chacun afin d’assurer les tâches qui lui incombent au service du pays. Il s’agit par exemple de la sécurité du territoire et des citoyens, de la santé, ou de l’éducation entre autres. C’est l’essence même de l’impôt sur le revenu. Et pour qu’il soit équitable, il doit être progressif. A chacun selon ses moyens. Tout cela porte un nom : le patriotisme et la solidarité.
Faut-il que l’appât du gain et de la richesse ait pris un tel degré d’âpreté dans le cœur de certains privilégiés pour qu’ils en oublient ou bafouent cet esprit de solidarité ou de sollicitude envers leurs concitoyens au point de refuser de consentir à la moindre obole soustraite non pas du nécessaire mais, compte tenu du niveau de leur fortune, du superflu ? Et ils ont le toupet de parler de confiscation là où il s’agit de solidarité.
Ecoutons le philosophe André Comte-Sponville :
« Imaginez un individu parfaitement respectueux de la légalité du pays dans lequel il vit, qui ferait toujours tout ce que la loi impose, qui ne ferait jamais ce que la loi interdit - le parfait légaliste. Mais qui s'en tiendrait à cette unique détermination. Et essayons de voir ce qu'il pourrait en advenir. ..
Aucune loi n'interdit le mensonge - sauf dans quelques circonstances, par exemple commerciales ou contractuelles, particulières. Cela peut dépendre de la fonction qu'on exerce.
Aucune loi n'interdit l'égoïsme.
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Aucune loi n'interdit le mépris. Aucune loi n'interdit la haine.
Aucune loi n'interdit - c'est aussi bête que cela - la méchanceté.
Si bien que notre individu parfaitement légaliste pourra, en toute légalité républicaine, être menteur, égoïste, plein de haine et de mépris, en un mot méchant. Qu'est-ce que ce sera d'autre qu'un salaud légaliste? «
Toutes les civilisations ont cultivé l’instinct de solidarité entre les individus. Le christianisme a évoqué la parabole du bon samaritain. La civilisation occidentale l’a traduit entre autres par la fable de l’aveugle et du paralytique ou du lion et du rat. La civilisation orientale l’illustre par le symbole de la tortue portant l’aigrette sur son dos. Par temps de sécheresse, l’aigrette emporte la tortue vers d’autres régions lacustres. En échange, en temps de crues, la tortue porte l’aigrette sur sa carapace pour lui permettre de pêcher.
Quelle piètre société est devenue la nôtre