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26 août 2020 3 26 /08 /août /2020 09:56
A bas les masques?

Jadis, lorsque la Sécurité sociale fut créée, les travailleurs indépendants refusèrent au nom de leur liberté de devoir y être affiliés. Plus près de nous, la vaccination infantile obligatoire, l’obligation de l’assurance automobile , puis celle de la ceinture de sécurité, la lutte contre l’alcoolisme et récemment la limitation de la vitesse auto à 80km/h sur les voies secondaires, toutes ces mesures de sécurité collective ont trouvé inévitablement sur leur chemin de nombreux et farouches opposants  au nom de la liberté individuelle.

Aujourd’hui, le psychodrame se rejoue avec l’idée du port obligatoire du masque pour lutter contre la propagation de l’épidémie de covid-19. Les pouvoirs publics sont soupçonnés d’on ne sait quels complots ou de volonté liberticide. On les somme de laisser les citoyens libres de se déterminer selon leur propre appréciation des risques encourus. Bref, il ne reviendrait pas à l’Etat de limiter d’aucune sorte le libre arbitre des individus.

Or, on oublie un peu rapidement que le devoir qui s’impose à l’Etat n’est pas l’organisation de la vie personnelle de chacun, mais la bonne administration de ses services pour la sécurité des citoyens. Et la Santé fait partie de cette gestion. Pour assurer son bon fonctionnement, il lui revient d’en bien maîtriser les dépenses. Donc d’en bien contrôler les besoins : budget, moyens personnels et matériels, structures de soins et d’accueil. Cela lui impose nécessairement de limiter autant que faire se peut tout ce qui risquerait d’entraîner des coûts exorbitants. D’où la réglementation contre les risques d’accidents de toutes sortes menaçant le service de santé de banqueroute. Nous voilà replacés dans les mesures contraignantes évoquées plus haut.

Le dilemme posé consiste à choisir entre une liberté individuelle absolue et toutes ses conséquences ou une sécurité encadrée de règles passablement contraignantes. On constate une fois de plus que selon l’adage connu prêté à Lacordaire, « dans un monde totalement libre, c’est la liberté qui opprime et la loi qui protège ».

 

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24 août 2020 1 24 /08 /août /2020 10:05
l'Afrique, bâteau ivre?

La France en Afrique pour tenter d’abattre le dit Etat islamique (Daesh) et éradiquer le terrorisme islamique en poursuivant les opérations Serval et Barkhane, une nécessité certes. Il y va à long terme de la sécurité du continent, et au-delà de celle de l’Europe. Aussi aurait-on aimé y voir une participation plus conséquente des partenaires européens aux côtés de la France. Où est dans ce contexte l’Europe dont voilà une fois de plus une occasion perdue d’en prouver la réalité.

Mais en supposant l’objectif atteint, quoi après ? A-t-on une vision à long terme de ce que deviendra l’Afrique, y verra-t-on de véritables états stables et délivrés de ces interminables et répétitifs coups d’états délaissant les populations dans une précarité et un dénuement perpétuels ?

A-ton tiré des leçons de ce qu’il est advenu des interventions en Irak, en Afghanistan, en Libye ou en Syrie ? Sans vision à long terme, Serval puis Barkhane ne seront-elles pas condamnées au même enlisement , et l’Afrique au perpétuel chamboulement ? Et où sont les politiques et les intellectuels africains sur lesquels les stratèges pourraient s’appuyer pour entreprendre le redressement du continent ?

Après la seconde guerre mondiale, les Etats-Unis avaient proposé aux pays européens matériellement et économiquement ruinés un plan Marshall qui visait à leur reconstruction matérielle et à leur redressement économique. Certes, il n’y avait pas là beaucoup de philantropie ou de désintéressement. Il s’agissait d’éviter que l’Europe réduite à la misère ne sombre tout entière dans le camp communiste, et  qu’elle puisse se redresser au point de présenter un marché ouvert à l’économie américaine. Les dollars prêtés aux européens devaient leur permettre d’acheter américain.

Mais ce plan a largement profité aux européens de l’ouest dont le redressement fut effectif.

Ne pourrait-il pas y avoir une telle démarche, une sorte de « plan Marshall » pour l’Afrique ?

Mais la France seule en a-t-elle les moyens ? A l’évidence, non. Mais l’Europe ? Encore une chance à saisir pour en démontrer la réalité et l’efficacité.

Là encore, au-delà de toute motivation philantropique, il faut y trouver un intérêt stratégique. C’est la fin du chaos politique et économique qui mettra fin aux vagues d’émigration de l’Afrique vers l’Europe avec les drames humains, les désordres sociaux et économiques qu’elles provoquent. Il y va de l’intérêt de l’Europe elle-même. Il suffit de réfléchir à ce que furent naguère les déplorables naufrages d’émigrants au large des côtes espagnoles, italiennes ou grecques. Et pourquoi pas un marché africain développé faisant pendant au marché chinois fort asymétrique ?

Mais y a-t-il de la part des partenaires européens une volonté affirmée à voir tous ces problèmes résolus ? Les vieilles habitudes n’entraînent-elles pas les vieux réflexes ? Question génante en suspend.

 

 

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14 août 2020 5 14 /08 /août /2020 09:41
Repentance

Il y a déjà le rappel de la colonisation, de l’esclavage et des discriminations en tous genres, ainsi que l’exigence de repentance qui va avec. Déboulonnage de plaques de rues et de statues, revendications du CRAN, des Indigènes de la République, des Décoloniaux pour amener les Etats à la résipiscence. Et voilà désormais les entreprises contraintes de se frapper la poitrine pour expier les actes esclavagistes de leurs antiques fondateurs ou prédécesseurs et de consentir à des indemnités conséquentes (et trébuchantes).

Bref, faire rendre gorge aux méchants exploiteurs que sont les Etas colonisateurs, en oubliant au passage les marchands d’esclaves barbaresques ayant jadis écumé les côtes d’Afrique.

La mode étant soudain de confesser les fautes de ses ancêtres véritables ou supposés et de les expier, ne verra-ton pas sans tarder se manifester l’exigence  des antispécistes envers les épicuriens que nous sommes d’une honteuse repentance d’avoir dépecé et fait griller de grasses poulardes, de paisibles cailles ou d’autres rondouillettes volailles dans des fours ou rôtissoires high tech ? Un génocide « d’animaux non humains » (sic) en somme !

Allons plus loin, avec le sourire of course.

Ainsi, par exemple en commençant par le sommet des Etats, Juan Carlos d’Espagne, aujourd’hui le plus direct représentant de la dynastie des Bourbons ne devrait-il pas demander pardon, vêtu de bure, la corde au cou et les pieds nus, pour les supplices imposés jadis par ses ancêtres, dont Louis XV roi de France au Chevalier de la Barre ou à Damien ?

Vraiment, jusqu’où peut mener l’oisiveté ou la vacuité chez les orphelins des Utopies? Ou alors, concurrence à la victimisation ? Quête de notoriété ?

 Pour revenir à plus de raison, posons que « la première réparation, c’est la réparation de la connaissance ». (dixit l’historien Pape Ndiaye). Il faut laisser les historiens faire leur travail en toute sérénité. Quant à la gloire des hommes, « Sic transit gloria mundi ».

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30 juillet 2020 4 30 /07 /juillet /2020 17:42
Utilitarisme

« Les personnes âgées ont eu un accès restreint à la réanimation ». (Le Monde du 30/7/2020).

Lors de l’apparition de l’épidémie du covid-19 vite devenue pandémie, il apparaissait déjà qu’en Italie, faute de places suffisantes en réanimation, un tri était opéré parmi les victimes en laissant de côté les plus âgés et les personnes les plus fragiles.

En France, l’idée tend à s’imposer qu’en cas de nouveau confinement, il conviendrait de ne l’imposer qu’aux personnes les plus fragiles, à savoir principalement les plus de 65 ans et les personnes atteintes d’affections graves. Mais déjà, le journal Le Monde révèle l’information ci-dessus.  Ainsi donc sont ciblés les non-actifs, bref les « inutiles », ceux qui ne sont pas indispensables à la marche de l’économie. Economisme un jour, économisme toujours !

A considérer la société selon ces critères sélectifs plus ou moins eugénistes, ne conviendrait-il pas dans la foulée, et puisqu’on priverait certaines catégories de leurs droits les plus élémentaires , de les exonérer de toute contribution fiscale justement destinée à la satisfaction des besoins sociaux ?  Voilà du donnant-donnant. A chacun son devoir selon son dû.

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8 juillet 2020 3 08 /07 /juillet /2020 08:15
Rumination à perpétuité

Parce que Madame Virginie Chillou-Atrous, maîtresse de conférences à Nantes, classée première par le comité de sélection a été nommée à l’Université de la Réunion sur un poste d’histoire de l’esclavage, de l’engagisme et de l’économie sucrière en remplacement d’un historien réunionais décédé, elle se retrouve la cible d’un débat sur la préférence régionale. Voilà la « Nantaise » (dixit le Conseil représentatif des Français d’outre mer ) ou la « zorey » (métropolitaine) qui prétend apporter aux Réunionais ce dont ils ont besoin sans qu’ils le sachent eux-mêmes » (sic). Et  le représentant du Conseil représentatif des associations des noirs de France accuse la maîtresse de conférences d’  «être imbue de son savoir et de ses compétences ».

A suivre les manifestants, il aurait fallu, sur un poste qu’ils jugent symbolique, préférer un enseignant réunionais, pourtant classé second. Cela, au nom de la préférence régionale.  A ce compte, on n’est plus très éloigné du principe de la préférence nationale chère à Madame Le Pen.

Et ce qui rend encore plus inacceptable à leurs yeux cette nomination est qu’elle vient d’une ville (Nantes)qui «  a été une des principales villes de la traite négrière en France ». Nous revoilà dans la concurrence victimaire. Mélangeons donc tout et cela fera bien un cocktail exploitable. A cette aune, les jeunes générations d’historiens d’aujourd’hui n’étant ni juifs ni anciens déportés se verront-ils interdire l’étude de la Shoa ?

Faudra-t-il que d’aucuns ressassent perpétuellement les dérives anciennes en y plaquant des critères d’aujourd’hui pour en faire leur fond de procureur ? Est-ce ainsi que l’on fera progresser l’Histoire ?

Ou bien alors dans la foulée, exigeons récipiscence des héritiers des peuples grec, romain ou arabe qui  vendaient leurs captures humaines puisées en pays slave ou sur les côtes africaines, préparant les siècles suivants à un commerce florissant  de main d’œuvre servile.

Et au nom de la préférence régionale ou nationale, chassons de l’Académie Française et de toutes les instances prestigieuses de la culture tout ceux qui ne sont pas locaux ou nationaux. Et visons tout particulièrement les originaires des anciennes Athènes et Rome qui ont éradiqué de la Gaule ses autochtones et sa culture.

Cette préférence régionale ne s’apparenterait-elle pas sans le dire franchement à ce que fut dans des conflits de naguère l’épuration ethnique ?

Plus sérieusement, quand cessera-t-on d’avancer en gardant l’œil obstinément rivé sur le rétroviseur, l’esprit anachroniquement vindicatif, voire revenchard ?

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29 juin 2020 1 29 /06 /juin /2020 17:20
Histoire et repentance

Pour répondre à tous les « Indigènes de la République » et autres « décoloniaux «, « racisés » ou « indigénistes » qui appellent avec un anachronisme consommé à la repentance et voudraient déboulonner les statues et les noms des rues des « épouvantails » qui sembleraient leur faire éprouver les méfaits subis par leurs ancêtres,  je me contenterais de citer ce que j’avais écrit le 7 novembre 2012 à propos des déclarations de M. Bouteflika président de la République Algérienne :

 

« De la repentance

Monsieur Bouteflika, président de la République Algérienne exige inlassablement que la France fasse sa repentance pour les « crimes » commis jadis par le colonialisme français envers l’Algérie.

Il n’a de cesse d’exploiter en l’exacerbant le réflexe nationaliste de son peuple, comme pour masquer les  impasses et les lacunes, voire les turpitudes  de sa politique intérieure. Comment expliquer par exemple qu’après 60 ans de confiscation du pouvoir par un parti pratiquement unique, le FLN, les richesses du pays, notamment tirées du pétrole, n’aient pas permis de le sortir du marasme et de la pauvreté généralisée ?

La repentance où chacun est invité à battre sa coulpe, vêtu de bure, la corde au cou et les piedsd nus, , est devenue une sorte de mode au chapitre de ce qui se veut être une démarche historique. Or, l’Histoire n’avance pas au rythme d’auto-flagellations  complaisantes ou de mea-culpa morbides. Il revient aux historiens de se réunir autour de la même table et de tout mettre à plat afin de faire surgir la vérité. C’est quand chacun aura balayé devant sa porte que pourra émerger un récit authentique et universellement reconnu comme l’Histoire. Ainsi avance la connaissance.

Crimes du colonialisme ? Sans conteste. Mais seulement du colonialisme ? Et tout d’abord, qu’entend-on par colonialisme ? Les conquêtes grecque et romaine de l’Antiquité, était-ce du colonialisme ? La conquête arabe des VIIè et VIIIè siècles était-elle du colonialisme ? Et ces évènements se sont-ils déroulés en dentelles ?

De plus, les atrocités qui ont accompagné les guerres de décolonisation du XXè siècle ont-elles été le monopole d’un seul camp ?

S’agissant de l’Algérie, les massacres de Melouza, ordonnés par le colonel Saïd Mohammledi en 1957 et perpétrés par les troupes du capitaine Arab assisté du lieutenant Abdelkader El Bazraki de l'ALN (1), où le FLN a sauvagement exterminé une population entière (315 victimes) favorable au MNA (2) concurrent, ou celui du Constantinois (3) déclenché par Zighout Youssef en 1955 (145 victimes, hommes femmes et enfants, dont 70 des 130 européens et environ 70 musulmans massacrées à coups de haches et de pioches), le massacre des harkis lâchement abandonnés aux mains des soldats du FLN,  échapperaient-ils  à la repentance parce qu’exécutés par les dits colonisés ?

Pour rendre service à M. Bouteflika, on pourrait lui conseiller de faire son propre examen de conscience, éventuellement sa propre repentance envers son peuple, puis de mettre de l’ordre et de la rationalité dans sa politique intérieure ; après quoi, il pourrait encourager ses propres historiens à collaborer avec ceux des autres pays en vue de faire avancer la réflexion historique. Connaissance explication et compréhension se passent aisément de repentance d’aucune sorte ».

L’Histoire  ne s’accommode pas d’anachronisme.

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1 Armée de Libération Nationale (bras armé du FLN)

2 Mouvement Nationaliste Algérien, (indépendantiste, concurrent du FLN)

3  A la mine de pyrite d’El Halia à 3km de Philippeville

 

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29 juin 2020 1 29 /06 /juin /2020 11:06
Y a-t-il une communauté internationale?

Rappelons quelques principes de base du droit international :

Le territoire est l'un des éléments constitutifs d’un État, c'est pourquoi le droit international dans le cadre des règles sur le respect des souverainetés étatiques a consacré le principe général de la souveraineté territoriale. On retrouve ce principe dans la Charte de l’Organisation des Nations Unies (O.N.U.). article 2 paragraphe 4 :

« les membres de l'ONU s'engagent à ne pas recourir à l'emploi de la force contre l’intégrité territoriale ou l'indépendance politique de l'Etat de toute manière incompatible avec les buts des Nations Unies ».

Et dans une de ses résolutions, l’Assemblée générale de l’O.N.U. a rattaché l'intégrité territoriale au droit des peuples à disposer d'eux-mêmes.

L'évolution du principe a ensuite opéré un saut qualitatif  par l'extension de la garantie aux territoires des peuples qui ne se sont pas encore constitués en Etats

Or, l’Histoire nous a démontré par la suite que selon l’importance politique, diplomatique ou défensive des protagonistes,  ce principe a connu une application à géométrie considérablement variable. Il est arrivé au général De Gaulle de parler d’ «  un peuple d'élite, sûr de lui-même et dominateur »

Il suffit d’en rappeler quelques exemples notables :

Annexion du Tibet par la Chine : protestation de principe sans grands effets.

Annexion du Kowet par l’Irak : 1ère guerre contre l’Irak initiée par les Etats-Unis dont les véritables motivations furent plus stratégiques que juridiques ou morales.

Annexion de la Crimée et intervention russes en Ukraine : timides protestations internationales.

Grandes manœuvres de la Chine dans le Pacifique pour élargir son domaine maritime au détriment de ses voisins : le monde regarde ailleurs

Occupations territoriales successives et installations de colonies en Cisjordanie par Israel, suivies aujourd’hui d’une prétention déclarée d’annexion pure et simple. Droits des palestiniens continuellement bafoués : La réaction internationale est longue à venir.

Que reste-t-il des grands principes généreux qui avaient inspiré les nations constituées en Organisation Internationale au lendemain d’une guerre dont le caractère génocidaire les avait traumatisées ?

Piètre résultat. On parle de « Realpolitik ».

Il a été fait grand tintamarre de conférences et de déclarations sur la préservation de l’état de la planète, mais quel véritable intérêt y aurait-il à lutter pour la qualité de l’environnement si ce n’est que pour laisser ses habitants s’entredéchirer ?

 

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22 juin 2020 1 22 /06 /juin /2020 14:31
Branle-bas de combat

Branle-bas de combat, tous aux abris, le canon tonne !

A droite, c’est l’émoi, on en perd tout entendement.

Or, de quoi s’agit-il ?

Le journal Le Monde rapporte que « l’ancienne patronne du Parquet national financier (PNF), Elianne Houlette a déclaré sous serment avoir subi des « pressions » lors de cette enquête si sensible » (l’affaire Fillon et les emplois fictifs) … le PNF, invoquant un risque de prescription, annonçait l’ouverture d’une information judiciaire, procédure débouchant sur la désignation automatique d’un juge d’instruction, seul à même de signifier des mises en examen ».

Un rappel :

M. Fillon candidat à la Présidence de la République lors des élections de 2017 était présenté par tous les sondages, les medias ainsi que par la plupart des milieux politiques comme le favori des favoris, l’élection paraissant même presque superflue.

Or, voilà que le « canard enchaîné », puis « médiapart » affirmaient que M. Fillon, à l’époque député puis Premier ministre avait fait profiter indûment son épouse d’emplois fictifs, avec confortables indemnités à la clé.

Bien entendu, tout accusé est à priori  présumé innocent.  Mais les accusations paraissant troublantes, il fallait bien entreprendre des investigations afin de prouver  éventuellement son innocence.

Mais au moment de la parution des articles, une très prochaine prescription menaçait de rendre toute enquête impossible. Visiblement, le parquet avait donc estimé urgent de devancer cette échéance, afin que toute la lumière pût être faite, et peut-être l’honneur d’un homme préservé. Et les assertions des publications étaient assez précises pour qu’une enquête approfondie s’imposât.

Elle s’imposait d’autant plus que M. Fillon lui-même, paré de vertu candide, avait demandé sur un ton péremptoire lors d’un meeting de campagne : « Aurait-on vu le général De Gaulle mis en examen » ?, laissant entendre que son concurrent M. Sarkosy l’ayant été devenait un candidat scandaleux, donc illégitime.

Sérieusement, peut-on admettre qu’un Président de la République  puisse avoir été élu alors que des soupçons de corruption pèsent lourdement sur sa personne ? Oui, M. Fillon a eu raison, « Imagine-t-on le Général de Gaulle, président de la République accusé de corruption » ?  Et lui-même donc ?

Jadis, le Président Jules Grévy, indirectement impliqué par son gendre dans un trafic de légions d’honneur tergiversa de longues années avant de démissionner. Cette valse-hésitation déclencha une vague anti-républicaine et prépara la crise du boulangisme.

Mais aujourd’hui, au lieu de se focaliser sur ce problème, la Droite déclenche un tir de diversion en déportant la question sur le sujet de l’indépendance de la justice. Elle avait déjà recouru à la version du « cabinet noir » ou du complot politique, présentant M. Fillon en innocente victime à abattre.

Evidemment, ne soyons pas naïfs. Les circonstances ont paru opportunes pour des adversaires qui n’ont pas hésité à exploiter la situation. Mais la véritable question de fond est : M. Fillon est-il véritablement coupable de ce dont on l’accuse ? Sur ce registre, pour l’heure, les résultats de l’instruction paraissent accablants. A la justice d’en juger. Alors, laissons- la agir en toute sérénité.

 

 

 

 

 

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18 juin 2020 4 18 /06 /juin /2020 15:56
Refaire l'Histoire au gôut du jour?

Réécrire l’Histoire en réclamant des comptes aux personnalités distinguées, en déboulonnant leurs statues, en exigeant la repentance des générations héritières, en se lançant dans une course effrénée à la concurrence victimaire, est-ce ainsi qu’on luttera efficacement contre le racisme ?

Ou donc, haro sur la descendance des civilisations grecque et romaine qui réduisaient les vaincus à l’esclavage, des marchands barbaresques qui organisaient le rapt des populations africaines pour en faire le commerce, et de bien des pogroms des époques médiévale  ou moderne.

Expliquer l’Histoire sans concessions et la rendre intelligible aux générations suivantes exige de tenir compte du contexte philosophique et scientifique de l’époque, de ce qui était légal ou délictueux, d’éviter l’anachronisme, et de ne laisser dans l’ombre aucune part si sombre eût-elle été des personnalités célébrées.

Réécrire l’Histoire au goût du jour est vain et ne sert qu’à brouiller les esprits et à semer la discorde. Pas de repentance rétroactive.

Qui va rectifier le nez de Cléopâtre pour sauver Rome, presser Grouchy d’arriver à l’heure pour éviter la défaite à Waterloo, faire dérailler le train de Lénine pour l’empêcher d’arriver à Pétrograd et déclencher la révolution bolchevique ?

Laissons donc aux historiens le soin d’expliquer ce qui fut réellement, et que les politiques entament un véritable débat de leur ressort au bénéfice de la Cité et non pas de la surenchère victimaire en battant la coulpe de l’ autre.

 

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14 juin 2020 7 14 /06 /juin /2020 16:55
Différence vs racisme

On peut lire dans « le Monde » du 14/15 juin 2020 de Sibeth Ndiaye, membre de « La République en marche » et porte-parole du gouvernement :

«  …faire vivre l'universalisme par un effort envers les minorités visibles. Il faut reprendre ce fil avec audace, renouer avec le réel d'une souffrance. Il nous faut sortir d'une double assignation: la couleur de peau, et l'identité culturelle supposée que désigne cette couleur de peau. Cette double assignation, …  je la vis en tant que ministre lorsqu'on moque mes robes colorées: si j'aime la couleur et le wax, ce serait parce que je suis Noire. « En tenue de cirque », je serais donc « indigne» de représenter la France. Ce n'est pas anecdotique, c'est le signe qu'il faut sortir de cette prison mentale et identitaire".

Disons le clairement et sans détour : « tenue de cirque » ou « indigne de représenter la France »  disqualifient ceux qui se sont autorisé de tels propos envers quiconque.

Mais à tout confondre, on assombrit le débat. Sans aucune intention d’exclure ou de stigmatiser quiconque, il n’est pas indigne de se sentir décontenancé par une manifestation hors norme dans un contexte donné. On peut parier sans risque que si le député des Landes Jean Lassale arrivait au Parlement coiffé d’un large béret, muni d’un bâton de berger et chaussé de gros sabots cela déclencherait les mêmes sourires. Au pire, il peut s’agir d’un conservatisme étroit. Certes, on ne peut exclure la bêtise. Mais où est le racisme là-dedans ? Ainsi :

Alain Finkielkraut, citant l’antrhopologue Claude Levi-Strauss  écrit dans « l’identité malheureuse » :

Ouvrez les guillemets :

  • «  l'humanité ne se développe pas sous le régime d'une uniforme monotonie mais à travers des modes extraordinairement diversifiés de sociétés et de civilisations ».
  • Mais en 1972, Claude Lévi-Strauss prononce à l’UNESCO une conférence, Race et culture, et là, devant les délégués majoritaires et médusés des pays du tiers monde, il fait scandale. Il avait écrit le bréviaire de l'antiracisme; le voici qui montre que « le problème du racisme est bien plus complexe que ne l'affirment tous les jours les « moralistes» en se croyant, qui plus est, lévi-straussiens. À la confusion régnante entre attitudes normales et penchants criminels, Lévi-Strauss oppose une définition aussi précise que possible du racisme. Cette doctrine, dit-il, est une doctrine qui peut se résumer en quatre points : il existe une corrélation entre le patrimoine génétique et les aptitudes intellectuelles; ce patrimoine est commun à tous les membres de certains groupes humains; ces groupes appelés races peuvent être hiérarchisés; cette hiérarchie autorise les « races» dites supérieures à commander, à exploiter les autres, éventuellement à les détruire.

Ce discours scientifiquement indéfendable conduit à des pratiques abominables, mais, prévient solennellement Lévi-Strauss « On ne saurait ranger sous la même rubrique ou imputer automatiquement au même préjugé l'attitude des individus ou des groupes que leur fidélité à certaines valeurs rend totalement ou partiellement étrangers à d'autres valeurs. » Ne pas confondre donc racisme et quant-à-soi. Consommateurs planétaires, nous ne sommes pas, pour autant, des êtres interchangeables et nous avons le droit d'aspirer à ne pas le devenir. « Il n'est nullement coupable de placer une manière de vivre ou de penser au-dessus de toutes les autres et d'éprouver peu d'attirance envers tels ou tels dont le genre de vie, respectable en lui-même, s'éloigne par trop de celui auquel on est traditionnellement attaché. » Et Lévi-Strauss de conclure: "Cette incommunicabilité relative n'autorise pas à opprimer ou à détruire les valeurs qu'on rejette ou leurs représentants, mais, maintenue dans ces limites, elle n'a rien de révoltant. Elle peut même représenter le prix à payer pour que les systèmes de valeurs de chaque famille spirituelle ou de chaque communauté se conservent, et trouvent dans leur propre fonds les ressources nécessaires à leur renouvellement. »

Nous ne produisons du neuf qu'à partir de ce que nous avons reçu. Oublier ou excommunier notre passé, ce n'est pas nous ouvrir à la dimension de l'avenir: c'est nous soumettre. sans résistance, à la force des choses. Si rien ne se perpétue, aucun commencement n'est possible. Et si tout se mélange, non plus. L'ancien et le moderne risquent de sombrer ensemble dans l'océan de l'indifférenciation. Le monde humain et terrestre a besoin de frontières. Lévi-Strauss nous invite donc, nous autres. Français, nous autres, Européens, à revoir nos prétentions à la baisse, sans pour autant renoncer à ce qui nous fonde. Nous devons, dit-il, tirer les leçons du xxe siècle en faisant la place à l'altérité. Mais ne sommes-nous pas nous-mêmes l'autre de l'Autre? Et cet autre n'a-t-il pas le droit lui aussi d'être et de persévérer dans son être? L'abandon de la grande ambition des Lumières, qui était de donner au monde entier notre visage, ne doit pas conduire à l'effacement de ce visage. Et pour bien se faire comprendre, Lévi-Strauss prêche par l'exemple. Dans De près et de loin, un livre d'entretiens avec Didier Eribon, publié en 1998, il affirme que si une communauté ethnique « s'accommode du bruit ou même s'y complaît", 'il ne la vouera pas aux gémonies, il ne prononcera pas son exclusion du genre humain et il se gardera bien évidemment d'incriminer son patrimoine génétique. Toutefois, ajoute-t-il, "je préférerai ne pas vivre trop près, et n'apprécierai pas que sous ce méchant prétexte, on cherche à me culpabiliser ».

Fin de citation.

Que tout cela est justement et bien dit

 

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