Depuis ces dernières années, dès qu’une personnalité politique se voit poursuivie par la justice pour ses écarts présumés avec la loi, puis à plus forte raison condamnée, un concert d’imprécations contre les juges fuse de la part des partisans de l’intéressé. La Cour, et particulièrement les magistrats seraient les vils serviteurs du pouvoir en place qui aurait ordonné sous le manteau l’exécution d’un adversaire. Le Parquet National Financier (PNF) et le tribunal correctionnel qui a condamné en première instance M. Sarkosy viennent d’en faire les frais.
M. Sarkosy prétend que le PNF a été spécialement créé pour lui et met en cause une magistrate au prétexte qu’elle a été anciennement membre du cabinet de Ségolène Royal dans un gouvernement de gauche.
Faut-il rappeler que le PNF a été créé par François Hollande pour remettre de l’ordre dans le monde politique lors de l’affaire Cahuzac, ministre précisément d’un gouvernement de gauche et accusé de fraude fiscale ? Qu’il est composé de plusieurs magistrats venus d’horizons divers ?
Que M. François Molins, procureur de Paris au moment de l’affaire Cahuzac a été en un temps le directeur de cabinet de Michèle Alliot-Marie, ministre dans un gouvernement de droite ? Aurait-il fallu le soupçonner de partialité politique, et donc hostile envers M. Cahuzac, par principe ?
Quand le monde politique admettra-t-il qu’à force d’exactions commises et répétées par quelques brebis galeuses, les citoyens ont perdu tout crédit envers les élus, qu’un fossé abyssal s’est creusé entre les élus et les citoyens de telle sorte que les abstentionnistes forment de plus en plus le plus gros des troupes d’électeurs potentiels ?
Serions-nous condamnés à nous satisfaire du slogan populiste « Tous pourris », dommageable à la démocratie ?
Il est donc vain, voire contreproductif de vouloir, chaque fois que la justice sévit au sein de la classe politique de prétendre y voir la main maléfique de l’opposition contre le camp dominant.
Les citoyens sont de plus en plus exigeants de probité et le monde judiciaire est là pour y pourvoir en toute indépendance. Pour tout un chacun, « Dura lex, sed lex ». (Dure est la loi, mais c’est la loi)