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29 août 2020 6 29 /08 /août /2020 15:14
Etre et savoir

« La France paye aujourd'hui I'abandon de son école… nous avons plus que jamais besoin d'une école fondée sur l'exercice de la raison….

Professeurs, nous avons besoin que vous retrouviez cette fierté d'œuvrer pour la nation, et en particulier pour ses enfants les plus fragiles. Nous avons besoin que vous soyez persuadés que chaque jour de transmission des savoirs est un jour essentiel de progrès des Lumières ».

( Natacha Polony in Marianne du 28 août au 3 septembre 2020)

Natacha Polony a mille fois raison. De réformes en changements répétitifs, l’enseignement en France a tendu à devenir un fourre-tout où se sont côtoyé des méthodes de bricolage ludique et des moyens mnémotechniques pour éviter des fautes d’orthographe d’usage, si ce n’est des recettes de macramé ou de cuisine orientale.

Mais il est arrivé aussi de façon caricaturale que le monde enseignant se soit voulu résolument scientifique, armé de son jargon particulier. Ainsi, il faut se souvenir :

Des conseils pour enseigner à « l’apprenant » ( pour les non-initiés : élève) à jongler avec « l’objet bondissant », (pour le béotien : ballon) ou à progresser par mouvements synchronisés « au sein de l’élément aquatique » (pour le quidam beat : piscine). Et ainsi, tout à l’avenant.

On ne rejoue pas « les précieuses ridicules » impunément. A trop vouloir faire l’ange, on finit par faire la bête.

Et de surcroît, il fallait que nos chères progénitures acquièrent sans faillir toutes les notions des mathématiques modernes et de la linguistique structurale.

Puis, avec la démocratisation de l’enseignement et le collège pour tous, on a cherché à mettre l’école à la portée de tous non pas en perfectionnant ou en diversifiant les méthodes mais en adaptant les contenus ou en en modifiant les programmes pour en faciliter l’acquisition aux élèves les plus défavorisés. C’était la bataille entre scientifiques et pédagogistes. Et pour ces derniers, l’élève devenait son propre maître, capable de s’approprier les connaissances par ses propres moyens. L’autorité disparaissait au profit de la sympathie entre partenaires. La démocratie s’installait dans la classe. Mieux (ou pire), on adaptait le savoir au niveau des élèves plutôt que de s’efforcer de les élever au plus haut niveau de la culture. Aux oubliettes l’effort, place aux jeux. Casser le thermomètre plutôt que de lutter contre  la température.

On en constate tous les jours les dégâts. De lucides observateurs, enseignants ou chercheurs tels Mara Goyet ou Emmanuel Brenner et Georges Bensoussan en ont produit des livres éclairants ou ont sonné l’alarme. Et il est arrivé que par paresse on les accusât de réactionnaires. D’autres ont manié l’ironie ou la dérision. N’a-t-on pas entendu Luc Ferry alors ministre de l’Education nationale accuser ces empêcheurs de tourner en rond de vouloir « gardarem lou Balzac » (sic) ? Bref, de rances conservateurs.

Or, on oublie trop aisément que l’école n’est pas une démocratie, mais le lieu de son apprentissage. Il y a quelqu’un qui sait, et qui est chargé de le faire découvrir aux autres qui apprennent. Et l’enseignement ne se pratique pas sans une certaine autorité.

Il faut que l’Ecole retrouve sa fonction légitime qui est d’élever les jeunes qui lui sont confiés à la culture et au savoir pour éveiller en eux la conscience et l’esprit civique qui en font les membres d’une même Cité.

Vive la République laïque une et indivisible.

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