Lu dans TELERAMA N° 3673 du 6 au 12 juin 2020, pages 4 à 8, dans un reportage consacré à Donna J. Haraway, philosophe et biologiste américaine, ces savoureux morceaux choisis :
« Et si nous faisions équipe avec les pigeons? La philosophe et biologiste américaine invite à créer de nouveaux liens de parenté avec les non-humains comme avec les humains. Et appelle à la fin d'un capitalisme destructeur.
…
A 75 ans, Donna J. Haraway nous invite à faire exploser tous les carcans et à apprendre à vivre « connecté aux autres», humains et non-humains. Le seul chemin possible, nous explique-t-elle depuis sa maison confinée de Californie, pour penser et vivre à l'heure du désastre écologique.
En tissant des liens les uns avec les autres, humains et non-humains. En apprenant, par exemple, à connaître et aimer les insectes pollinisateurs des plantes qui nous entourent, les microbes avec lesquels nous vivons ... En développant des rituels collectifs: partager un repas et célébrer la bonne nourriture
Comment les corbeaux ou les corneilles portent-ils le deuil, celui-ci n'étant pas une spécificité humaine? Ces histoires sont indispensables pour prendre soin les uns des autres et cultiver les arts de bien vivre et de bien mourir ensemble ».
Il y a déjà ceux qui croient au créationnisme, faisant une lecture fondamentaliste des textes bibliques : la terre et l’Univers auraient été créés par Dieu il y a exactement 6000 ans, en six jours de 24 heures, exactement comme nous le rapporte la Bible.
Et puis surgit un courant anti-spéciste, niant une quelconque différence de nature entre ceux qu’ils appellent les « animaux humains » et les « animaux non-humains ». Ceux-là professent un rigoureux véganisme, voulant interdire toute consommation ou utilisation de ce qui provient du monde du vivant. Pas d’alimentation carnée donc, ni œufs ni lait ni miel, mais aussi pas de vêtements confectionnés à l’aide de matériau prélevé sur l’espèce animale, tel que le cuir, la laine ou la soie, etc…
Maintenant, voilà qu’il faille chercher sérieusement à comprendre pourquoi corbeaux corneilles et pies, « nos semblables non humains » (sic), portent habituellement le deuil alors que nous, animaux humains, nous ne l’endossons qu’en cas de perte d’un proche. Et dans la foulée, avant même qu’ils veuillent bien nous en livrer le sens profond, nous pourrions « partager un repas et célébrer la bonne nourriture », mais attention, végétarienne, of course! Et peut-être nous faudrait-il faire au préalable quelques excuses à nos semblables végétaux pour devoir les croquer à belles dents ?
Et dire que toutes ces élucubrations nous viennent des Etats-Unis d'Amérique.
Décidément, l’Amérique est une région de paradoxes. On redoute de tuer un microbe, notre semblable, en croquant une feuille de salade, cherchant à préserver de destruction massive toutes les espèces que Noé aurait véritablement sauvées du Déluge, et on tue sans hésitation Georges Floyd par asphyxie lors d’une interpellation de routine.
Obélix dirait: « Ils sont fous, ces yankees »