« L’ humoriste » (si, si !) Jean-Marie Bigard aurait évoqué la possibilité de sa candidature à la prochaine élection présidentielle au cas où il jugerait « la situation préoccupante » (sic). Ça sonne comme du Coluche, ça ressemble à du Coluche, mais ça n’est pas du Coluche. Et il paraît que le Président Macron lui aurait téléphoné. Et Bigard de déclarer avec son habituelle élégance: « Je ramène ma gueule je chie sur le président, et le président m’appelle. Je trouve ça génial » (Le Monde 30/5/20).
Génial en effet. Le président s’intéresse-t-il véritablement au monde du spectacle et de la variété sous toutes ses formes quelle qu’en soit la finesse ? Ne pourrait-on y subodorer un jeu à trois bandes ?
La manœuvre du parti présidentiel et de son chef consiste à ce qu’au second tour de la prochaine présidentielle se rejoue le duel Macron/Le Pen. Comprendre : « Entre eux (R.N. ex F.N.) et nous (L.R.M.) il n’y a rien ».
Mais cette fois rien n’est plus sûr. Il n’est plus absolument certain que devant une telle éventualité le réflexe républicain des présidentielles de 2002 et 2017 se reproduise. Le fossé entre le Président et le peuple s’est considérablement creusé et nombreux des électeurs notamment de gauche qui lui avaient apporté leurs suffrages pour la victoire en 2017 rongent leur frein. Pour eux, en cas de duel LRM/RN ce pourrait être la pêche à la ligne ou la belote. Et tant pis, que vogue la galère !
Dans ces conditions, le parti présidentiel ne chercherait-il pas à se garantir d’avance un matelas électoral à la droite de la droite tout en déshabillant le R.N. ?
Macron a déjà esquissé la danse du ventre auprès de Philippe Devilliers pour l’ouverture du Puy du Fou. Il reste à caresser les beaufs dans le sens du poil en cajolant le distingué Bigard.
Sera-ce suffisant ? Un pari bien risqué. Voilà une solution bien paresseuse. Il y a tant à faire. Selon une des raffarinades, « la route est longue et la pente est raide ».