Macron, pédagogue?

Macron fait son show en se mêlant aux débats entrepris depuis sa réponse aux gilets jaunes. Mais plutôt que d’échanger des perspectives nouvelles avec les participants, il en profite le plus souvent pour vendre son programme. Partant comme à son habitude du fait que les citoyens n’ont pas compris son projet, il multiplie les explications, comme si ses interlocuteurs étaient des gamins obtus. D’ailleurs, au cours d’une de ses apparitions, ne les a-t-il pas apostrophés par le terme « les enfants » ? Lapsus révélateur. Mais on est loin d’un débat où s’échangent des idées fertiles.

Il justifie son programme ? Un exemple :

Un ou une intervenant(e) lui reproche d’avoir supprimé l’ISF sur les fortunes mobilières? Sa réponse en forme de question : « A votre avis, lorsqu’était appliquée cette ISF, est-ce que les pauvres étaient moins pauvres » ?

On aurait pu lui retourner la question sous une autre forme : « Depuis que l’ISF sur la fortune mobilière a été supprimé, y a-t-il  eu plus d’investissements profitant aux entreprises de la part des plus riches ?

Or, l’économiste Thomas Piketti a répondu par anticipation. C’est ainsi que :

« Depuis 1993, selon lui, on assiste à une hausse spectaculaire et continue du nombre et des montants des patrimoines financiers. Et bien plus vite que les patrimoines immobiliers qui du reste, ont eux-mêmes beaucoup progressé ».

C’est ainsi qu’on constate que les recettes de l’ISF ont plus que quadruplé entre 1990 et 2017, passant de 1 milliard à 4 milliards d’euros. C’est dire la vitalité de la fortune des nantis.

Quant aux investissements des entreprises, au lieu de progresser, ils ralentissent. Et si les investissements étrangers en France progressent, c’est selon certains cabinets d’audit en partie grâce autant au Brexit et aux mesures adoptées sous la présidence Hollande que grâce aux réformes de la présidence Macron. Ajoutons à cela qu’on constate une forte envolée des placements de capitaux en assurance-vie ou en obligations et emprunts d’Etat. Quant aux exilés fiscaux, ils ne se bousculent pas pour rentrer. Rien donc qui profite réellement à la création d’emplois.

Autre effet pervers, les dons aux associations régressent, les retraités voyant leurs revenus rognés, et les riches n’en attendant plus de compensation fiscale.

Alors, pertinente la suppression de l’ISF sur la fortune mobilière ?

Et d’ailleurs, cet impôt était autant un signe d’égalité entre les citoyens, (voir déclaration des droits de 1789 reprise par la Constitution de 1958) qu’un symbole de solidarité envers les plus pauvres.

Rien donc ne pourra effacer l’étiquette de « président des plus riches » qui lui est accolée. Toutes ses vaines tentatives de séduction envers le peuple ne pourront l’en débarrasser. A l’ évidence, son grand débat est comme le Canada-dry : « Ca ressemble à un débat, c’est animé comme un débat, mais ce n’est pas un débat ».