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4 janvier 2016 1 04 /01 /janvier /2016 12:41
L'Economie aujourd'hui

La « gauche d’opposition » continue de tenir un discours bien dogmatique, qu’on pouvait encore considérer comme valide à l’intérieur de frontières nationales bien définies et à une époque où les Etats maitrisaient encore assez bien leur économie nationale. Les gouvernements de gauche pouvaient pratiquer une politique sociale qui respectait leur idéal et où laisser filer le déficit budgétaire était compensé par une fiscalité relativement bien contrôlée et une activité économique prospère.

Mais tant que l’on n’aura pas admis que ici et maintenant:

- La production française est aujourd’hui anémiée, son industrie moribonde, et donc se contenter de redistribuer (quoi d’ailleurs, les caisses sont vides) sans récolter ne fait que déséquilibrer davantage la balance des paiements, et par conséquent le déficit budgétaire. La consommation en France se nourrit des importations.

- Les entreprises n’embauchent que si leurs carnets de commandes se remplissent, et donc que si elles sont compétitives dans un monde désormais globalisé. Les pouvoirs publics ont donc raison de tout faire afin que les entreprises se développent, produisent et vendent. On ne peut continuellement ânonner que le gouvernement « fait des cadeaux aux patrons » quand il s’agit de faire en sorte que les entreprises puissent prospérer et se mesurer à armes égales avec les entreprises du monde entier. C’est une « guerre économique ». Bernard Maris le proclamait déjà dans tous les débats auxquels il participait. Certes, il y a des chefs d’entreprises qui ne jouent pas le jeu. A charge pour les gouvernants de trouver les moyens d’obtenir le donnant-donnant. Est-ce parce que des chefs d’entreprises agissent en prédateurs, il faudrait considérer le monde de l’entreprise comme un repaire de charognards et brider l’ensemble du système ?

Ou alors, j’aurais à moi tout seul trouvé la solution au problème corse par exemple: Ainsi, puisqu’il y a en Corse des assassins de préfets ou des mafieux plastiqueurs, il faut mettre tous les Corses sous les verrous. La Corse deviendrait ainsi le paradis sur terre. Ineptie !

En tout état de cause, il faut bien comprendre que le monde a considérablement changé et que les règles qui s’appliquaient durant les Trente Glorieuses sont désormais obsolètes. Nous ne vivons pas une crise dont il s’agit d’attendre qu’elle se résorbe, nous subissons une profonde mutation et on ne reviendra plus en arrière. Seuls les pays qui l’ont admis s’en sortent. Certes, la société ne vit plus dans la pleine sécurité et le progrès social continu. L’emploi continu et assuré n’est plus la norme hélas. Mais on n’a pas encore trouvé de solution de remplacement à l’économie de marché, sinon ça se saurait, les sociétés ne sont pas masos.

Alors, il faut s’adapter tout en cherchant les moyens de protéger les plus faibles. Et ce n’est pas en s’obstinant à marteler les dogmes anciens qu’on les sauvera. Est-ce que les syndicats par exemple en s’arcboutant sur les règles actuelles du marché du travail oeuvrent efficacement pour défendre les chômeurs ? Le chômage de masse devenu en France un mal endémique ne mériterait-il pas une révolution culturelle ou intellectuelle que seule la CFDT semble amorcer ? Défendre becs et ongles les droits acquis dans un climat de chômage de masse sans que les chômeurs en soient les véritables bénéficiaires tourne à la schizophrénie.

Nos responsables politiques et syndicaux savent tout ça. Mais ils continuent de vivre accrochés à des totems et des tabous, de prendre la posture, soucieux surtout de préserver leurs chances de durer, de rester dans « la carrière ».

Et les citoyens ne sont pas naïfs. Ils saisissent tout cela. Et ils votent à leur manière avec leurs pieds. C’est à dire que plutôt que de se chausser pour aller voter, ils restent chez eux en tarentaises, les pieds bien au chaud. Quant à ceux qui ont encore une conscience de citoyen, ils traduisent leur écœurement en un vote protestataire dont les seuls bénéficiaires sont les extrémistes qui promettent la lune et les ya-qu’à qui vont avec.

Il me vient une réflexion sur une époque révolue mais qui rappelle bien d’une certaine manière la nôtre.

A la libération, Mendès-France ministre de l’économie du Gouvernement provisoire du Gal de Gaulle proposait que malgré la paix revenue, l’économie française étant encore chancelante, il conviendrait de maintenir encore le régime du rationnement pour éviter un trop fort endettement envers les Etats-Unis. Le Gal de gaulle soutenu par Jules Moch pensait que les Français avaient assez souffert et qu’il ne fallait pas leur infliger davantage un régime d’austérité. On supprima le rationnement, Mendès-France démissionna, l’endettement de la France prit de l’embonpoint, et durant tout le reste de la IVè République, à chaque nouveau gouvernement, le premier soin du président du Conseil fut de se rendre aux Etats-Unis soi disant en visite protocolaire, en fait pour s’informer des exigences de Washington.

Autre épisode : en 1956, Mendès-France condamna énergiquement l’expédition de Suez entreprise par Guy Mollet et les anglo-israéliens pour punir Nasser d’avoir nationalisé le Canal de Suez. Aussitôt l’opinion publique dopée par la Droite l’accusa de vouloir défendre les intérêts boursiers de sa femme Lily qui était d’origine égyptienne. On ne l’avait pas accusé de « banquier », c’eut été faux et pas encore de mode.

Au vu de tout cela, quel sort les distingués frondeurs d’aujourd’hui auraient-ils réservé à Mendès-France ?

O tempora, O mores !

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